Les températures polaires actuelles ont un impact positif, puisqu'elles sont bénéfiques pour le lac Léman, explique Natacha Tofiel-Pasche, directrice du centre de limnologie de EPFL, dimanche dans le 12h45 de la RTS.
A la fin de l'été, le grand bassin d’eau franco-suisse présente une distribution contrastée de ses zones. La surface est riche en oxygène, alors qu'elle est pauvre en nutriments, tandis que les profondeurs sont riches en nutriments, mais pauvres en oxygène. Pour que les eaux se mélangent, elles doivent avoir la même température, environ quatre degrés. Actuellement en surface elle est encore à 8° C.
Ce brassage joue un rôle crucial. En mélangeant les deux couches du lac, il enrichit la surface en nutriments, favorisant ainsi la croissance des algues, et il introduit également de l’oxygène dans les profondeurs, permettant ainsi "de garder une couche de biodiversité saine", souligne l'experte.
Le réchauffement climatique met en danger la biodiversité
Mais depuis l’hiver 2011-2012, il n’y a pas eu de brassage complet. Ces dernières années, l’eau s'est mélangée seulement jusqu’à une profondeur de 150 à 200 mètres, alors que le point du lac le plus bas est à 309 mètres. La Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman (CIPEL) s'en montre inquiète.
Car sans brassage, les eaux profondes du Léman deviennent anoxiques, c’est-à-dire qu’elles manquent d’oxygène, explique Nicole Gallina, secrétaire générale de la CIPEL. "Avec les hivers de plus en plus doux, il sera de plus en plus difficile de réunir toutes les conditions nécessaires à ce brassage complet", prévient-elle.
Le froid et le vent sont de bonnes nouvelles pour le lac, mais il faudrait que ces conditions perdurent. Ce n’est qu’au printemps qu'il pourra être établi si le Léman a été complètement brassé ou non.
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Sujet TV: Léandre Duggan/Yvan Thorimbert
Adaptation web: Miroslav Mares