Embouteillage annoncé sur les pistes: de nombreux cantons seront en vacances du 10 au 18 février
Au niveau romand, les cantons de Vaud, du Valais et de Fribourg ont congé en même temps. "Un bel embouteillage", décrit Michael Moret, le directeur d'Anniviers Tourisme.
Des milliers de vacanciers doivent s'attendre à une semaine de ski saturée. A Grimentz ou Zinal, deux stations valaisannes très fréquentées par des Romands, on a déjà pu constater l'impact de cette situation au niveau des réservations.
"En appartement ou en hôtellerie, on aurait pu réserver en tout cas trois fois chaque lit cette semaine-là", déclare Michael Moret. "Toutes les infrastructures, les parkings ou les lits ne sont pas extensibles. C'est donc difficile d'avoir des solutions spécifiques pour une semaine", pointe-t-il.
Deux types de stations
Les stations ne sont pas toutes touchées de la même manière. On peut distinguer deux catégories: celles qui accueillent une clientèle étrangère et les autres.
Prenons l'exemple de Crans-Montana: le directeur de son école de ski, Nicolas Masserey, estime que la surconcentration de Romands mi-février ne change pas grand-chose, car les skieurs étrangers ne viendront qu’après et prolongeront une bonne fréquentation jusqu’à mi-mars. Idem à Nendaz, où l'on se réjouit même d'une répartition sur cinq semaines, grâce aux Français puis aux Belges.
Mais c’est l’inverse dans les stations qui visent la clientèle suisse. A Grimentz, dans le Jura ou encore les Alpes fribourgeoises, c'est la soupe à la grimace. Antoine Micheloud, le directeur de la station de Moléson (FR), postule que le manque à gagner dans les semaines à venir sera important.
Pas de loi au niveau suisse
Pour ces stations, dont beaucoup font partie de l'abonnement des remontées mécaniques Magic Pass, les cantons ont clairement manqué de bon sens en fixant ces relâches 2024 au même moment.
Aucune réglementation suisse ou même romande n'oblige les cantons à se répartir les semaines. Chacun suit sa propre loi scolaire, fédéralisme oblige. "Faire en sorte que nos vacances ne coïncident pas avec les autres cantons ne fait pas partie des critères", explique, par exemple, le canton de Fribourg. Il existe toutefois des discussions informelles entre certains ministres romands.
Vaud et Genève donnent le ton
La RTS a demandé expressément au canton de Vaud pourquoi la semaine de Carnaval avait été choisie, alors qu'elle est fixée d’office dans les cantons catholiques par la fête religieuse de Mardi gras.
"Puisque nous sommes le plus grand canton, nous sommes en général les premiers à donner nos dates de vacances", explique Frédéric Borloz, le conseiller d’Etat en charge de l'enseignement.
"Mais nous ne le faisons pas tout seuls. Nous prenons d'abord le soin de regarder avec Genève, le deuxième plus grand canton, de manière à ce que nous n'ayons pas les dates de vacances en même temps. Il y a ensuite une consultation des acteurs touristiques, de l'association des parents d'élèves et des cantons romands, qui vont un peu se caler par rapport aux vacances des deux cantons principaux", détaille l'élu PLR.
En somme, ce sont Vaud et Genève qui décident, car ils "représentent environ 50% des Romands", d'après le ministre vaudois. Ils en informent les autres cantons. Et si ceux-ci ne sont pas contents, ils peuvent se manifester.
Le canton de Fribourg satisfait
Cela n'a pas été le cas cette année. Fribourg a estimé que les dates ne posaient pas de problème. Elles présentent même l'avantage "pour les familles amies, mais résidant dans deux cantons différents, de passer des vacances ensemble", argumente le canton.
Le département de la formation fribourgeois assure toutefois comprendre la problématique pour les stations de ski.
Les acteurs touristiques peuvent de leur côté faire remonter leurs doléances à l’office du tourisme de leur canton. Vaud Promotion dit avoir relayé les retours de la branche lors de la consultation au printemps dernier, avant la validation en juin du plan de vacances 2025-2031.
Une situation qui va se reproduire
La collision entre les vacances vaudoises, valaisannes et fribourgeoise va se répéter en 2026, 2027 et 2029. Le plus gros embouteillage aura lieu en 2026: les six cantons romands se partageront deux petites semaines uniquement.
Ce dossier controversé de la répartition des vacances scolaires est vieux d’au moins 30 ans. Et il n’est pas près d’être résolu, malgré le nombre croissant de vacanciers en montagne et sur les routes.
Céline Tzaud/ami