Les étudiants pro-palestiniens lèvent leur occupation à l'EPFL, mais restent en place à l'UNIL et l'UNIGE
Les dizaines d'étudiants pro-palestiniens qui occupaient depuis la fin de matinée le hall d'un bâtiment de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne ont commencé à quitter les lieux vers 17h30. Ils ont ainsi respecté l'ultimatum fixé par la direction de la haute école. Une rencontre à huis clos est prévue mercredi à 19h15 au Forum du Rolex Center avec des étudiants et la direction. Seuls trois ou quatre policiers étaient présents, sans devoir intervenir. Les lieux étaient en train d'être rangés.
Durant l'occupation, entre 50 et 100 manifestants s'étaient assis par terre. Des tentes et de la nourriture avaient été amenées sur place. Dans un communiqué, le collectif a présenté ses revendications. Elles rejoignent celles du groupe qui occupe depuis jeudi dernier le bâtiment Géopolis sur le site voisin de l'UNIL.
L'EPFL a déploré cette occupation dans un communiqué. La direction y proposait de rencontrer mercredi les membres de la communauté EPFL et avait demandé aux occupants de quitter les lieux de façon volontaire.
La manifestation a été organisée par une "Coordination étudiante pour la Palestine", qui n'est pas une association de l'EPFL reconnue par la direction, a indiqué la haute école. La direction dialogue avec les associations reconnues par l'EPFL - qui représentent la communauté EPFL -, mais refuse le mode d'action imposé par ce groupe sans légitimité", a-t-elle écrit.
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Collaboration avec l’Institut Technion
Le collectif accuse notamment l'EPFL d'être "impliquée" dans le "génocide" en cours à Gaza. Invitée dans Forum, Kathryn Hess Bellwald, vice-présidente de l'EPFL chargée des affaires estudiantines, trouve ces propos "inacceptables". Elle se dit toutefois ouverte à la discussion et espère que les étudiants "finiront par comprendre que leurs propos sont clairement exagérés."
La collaboration de l'EPFL avec l’Institut Technion, qui aurait des liens avec l’armée israélienne, est notamment pointé du doigt. Kathryn Hess Bellwald estime que cette collaboration n'est pas problématique. "Notre relation avec Technion s'inscrit dans le contexte de l'association Eurotech, qui comprend plusieurs universités européennes. Il s'agit d'un forum de discussion et de collaboration sur des projets liés à l'enseignement et à la recherche et cela n'a rien à voir avec l'armée. "
La vice-présidente explique qu'un comité d'éthique examine tous les accords potentiellement délicats. Elle admet que "parfois, une recherche peut s'avérer utile dix ans plus tard dans un contexte militaire, mais ce n'était pas du tout le but au début".
A l'EPFZ et l'Université de Genève aussi
La mobilisation a atteint également l’Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ), où quelques dizaines d'étudiants se sont assis par terre dans le hall principal peu avant midi. Les manifestants ont entre autres scandé des cris de "Free Palestine" et ont étalé sur le sol une affiche avec le slogan "No Tech for Genocide" ("Pas de technologie pour le génocide").
La police a fixé un ultimatum aux manifestants et leur a donné cinq minutes pour quitter les lieux. La plupart des manifestants sont alors partis. Peu avant 14h, les forces de l'ordre ont commencé à évacuer ceux qui étaient encore présents.
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Le sit-in était organisé par un groupe nommé "Students for Palestine". Il a exigé de l'EPFZ qu'elle prenne "clairement position sur le génocide en cours à Gaza".
Par ailleurs, le groupe a appelé l'EPFZ à un "boycott académique" des institutions et entreprises israéliennes qui soutiendraient le gouvernement israélien. Enfin, l'EPFZ doit faire preuve de transparence et rendre publique toute coopération avec des organisations israéliennes.
A l'Université de Genève (UNIGE) également, la Coordination étudiante Palestine-Université de Genève (CEP-UniGe) a investi le hall d'UniMail, avec des tables, des chaises et des canapés. De nombreux drapeaux palestiniens sont déployés à tous les étages du bâtiment, ainsi que des banderoles avec les messages: "Free Palestine, stop genocide" et "From the river to the sea, Palestine will be free". Des repas ont aussi été organisés sur les lieux.
La CEP-UniGe a adressé une lettre au rectorat pour lui demander de prendre position sur le génocide perpétré à Gaza et la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat. Elle demande aussi l'arrêt des liens entre l'UNIGE et les universités israéliennes. Les militants ont aussi fait savoir qu'ils dormiraient sur place et qu'ils tiendraient une assemblée générale mercredi pour décider de la suite de l'occupation.
La mobilisation se poursuit à l'UNIL
A l'UNIL, où le mouvement suisse a débuté, les militants sont toujours sur place et une cinquantaine d'entre eux ont dormi sur le site. Beaucoup d'entre eux se sont installés à même le sol, dans leurs sacs de couchage, ou sur des canapés. D'autres ont installé des tentes.
Les militants pro-palestiniens qui occupent le bâtiment Géopolis depuis jeudi ont décidé de prolonger leur mouvement contre l’avis de la direction, qui leur a demandé de quitter les lieux après les avoir autorisés à rester durant cinq jours.
Les manifestants accusent l'UNIL de ne pas être venue apporter les réponses aux revendications des occupants devant leur assemblée générale et d'avoir uniquement envoyé des réponses par écrit. De son côté, l'UNIL indique qu'elle a proposé de rencontrer uniquement une petite délégation des manifestants ailleurs qu'à Géopolis, ce qui a été refusé.
juma avec ats