A deux semaines de la rentrée académique, la pression se fait de plus en plus forte pour des centaines de jeunes toujours en quête d'un toit. Arthur en sait quelque chose. Inscrit à l’Université de Lausanne (UNIL), il doit déménager urgemment, mais sans savoir où aller.
Trouver un logement abordable à Lausanne est une gageure, souligne-t-il lundi dans le 19h30. "Les loyers se situent souvent dans une fourchette comprise entre 1300 et 1400 francs pour un studio. En dessous de ça, c'est quasi impossible à trouver", constate le jeune homme qui prépare ses cartons pour le lendemain.
Il y a plus de 4000 étudiants sur liste d'attente
Des projets immobiliers sont en cours. Mais le Campus Santé prévu à Chavannes-près-Renens (VD), tout proche de l'UNIL, et qui comprend 600 appartements, n'ouvrira pas avant 2026.
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En attendant, les étudiants et étudiantes se tournent souvent vers des colocations ou des solutions temporaires, par exemple le temps d'un échange à l'étranger. Il faut par conséquent régulièrement déménager.
Le constat est identique à la Fondation Maisons pour étudiants Lausanne (FMEL), qui s'adresse aux inscrits de l'UNIL, de l'EPFL et des hautes écoles spécialisées vaudoises. Le service croule sous les demandes. "Actuellement, il y a plus de 4000 étudiants sur liste d'attente depuis le début de l'année", précise Séverine Nicolier à la réception.
Des solutions malgré tout
Face à ce manque criant de logements, des bénévoles comme ceux de l'Association pour le logement des jeunes en formation (ALJF) cherchent des chambres à prix modiques dans des maisons inoccupées.
A Oron (VD), un propriétaire met ainsi gratuitement à disposition sa maison familiale laissée vacante depuis plus d'un an. Le bâtiment pourra accueillir quatre à cinq personnes, qui devront uniquement s'acquitter des charges. "L'idée de rendre ma maison familiale (...) vivante à nouveau m'a séduit", explique André Locher.
Des immeubles vides au centre-ville de Lausanne, cela ne devrait pas exister
Dans le chef-lieu du canton de Vaud, le conseiller communal socialiste et membre du comité de l'ASLOCA Lausanne Benoît Gaillard repère quant à lui les maisons laissées vides, sans projet de restauration ou de destruction. L'élu a déposé une interpellation à ce sujet et milite sur les réseaux sociaux.
"On construit énormément, c'est bien, mais on a plus de peine à s'assurer que les logements existants soient occupés", relève le politicien. "Des immeubles vides au centre-ville (de Lausanne), cela ne devrait pas exister", insiste-t-il.
Constat similaire à Genève
A Genève, La Ciguë, une coopérative de logement pour personnes en formation, est également submergée par les demandes d'étudiants. Pour cette année, elle en a reçu 1400, alors qu'elle ne gère que 800 logements, explique dans La Matinale Nicolas Rault, responsable des relations internes à La Ciguë.
"Depuis plusieurs années, on n'a jamais été dans une situation aussi compliquée", déplore-t-il. "Parfois, les personnes doivent faire appel à des amis ou des connaissances pour occuper leur canapé durant quelques mois jusqu'à trouver quelque chose de plus ou moins acceptable."
Mais une fois une solution plus durable trouvée, elle n'est pas toujours optimale. "Ce seront souvent des chambres beaucoup trop chères dans des appartements avec des familles dans lesquelles les enfants sont partis."
Et Nicolas Rault de poursuivre: "Il arrive aussi souvent que des personnes doivent soit mettre en suspens leurs études, soit accepter de faire deux à trois heures de transports par jour et rester sur d'autres cantons ou d'autres villes en France voisine pour continuer leurs études à Genève."
Situation moins tendue à Neuchâtel
La situation est moins tendue à Neuchâtel, où quelques dizaines de demandes pour des logements sont tout de même encore en attente. Mais plutôt que la quantité, c'est surtout la qualité des biens proposés qui pose problème, souligne Marius Hofer, coprésident de la Fédération des étudiants neuchâtelois.
"Les logements sont parfois vieux ou dans un état pas terrible. On reçoit quelques plaintes au sujet des logements qu'on gère", explique-t-il. Mais la situation est moyenne à Neuchâtel en termes de logements pour étudiants, "ou moins mauvaise qu'ailleurs."
Quoi qu'il en soit, la Fédération des étudiants neuchâtelois ne se repose pas sur ses lauriers. "On reste préoccupé de ce qui se passe. On essaie toujours de contacter les autorités politiques pour essayer de se mettre autour d'une table pour discuter et voir quelles sont les possibilités pour le futur. Et pouvoir mettre en place quelque chose de plus qualitatif et toujours en restant dans des prix abordables."
Sujet radio et TV: Lorence Milasevic et Robin Baudraz
Adaptation web: Doreen Enssle et Fabien Grenon