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"Derrière l'uniforme, il y a une personne": le ras-le-bol des agents de stationnement face aux noms d'oiseau

La profession d'agent de stationnement a la vie de plus en plus dure en Suisse romande
La profession d'agent de stationnement a la vie de plus en plus dure en Suisse romande / 19h30 / 2 min. / jeudi à 19:30
Les incivilités et actes hostiles contre les agents de stationnement sont en augmentation. Un contractuel genevois a témoigné jeudi dans le 19h30 des insultes qu'il a entendues après avoir amendé un automobiliste.

Pierre Susini est l'un des 80 agents de stationnement de Genève. Il écume les parkings publics depuis neuf ans et "colle" les personnes en faute. Les contrevenants irrités font partie de son métier. "Je ne la prends même pas. Je la fous à la poubelle", lui lance ainsi un automobiliste à qui il tend une prune de 40 francs.

Coller une bûche a beau être une mission mal aimée, Pierre dit en avoir ras-le-bol, car les invectives et la brutalité augmentent. Pour illustrer cette tendance, il raconte cette expérience avec un automobiliste en vieille ville: "J'ai tendu l'amende et, navré pour les termes, il a commencé à me dire que j'étais un connard, que je ne comprenais rien, que j'étais un abruti, un raté..." Et de lâcher: "Derrière l'uniforme, il y a une personne."

Ces actes hostiles sont devenus très difficiles à supporter pour notre personnel

Damien Zuber, le directeur général de la Fondation des parkings

La vie privée affectée

Parfois aussi, les agents sont agressés physiquement. Et ces incivilités ont doublé à Genève depuis deux ans.

La Fondation des parkings appelle au calme et a lancé une campagne de sensibilisation. "Nous sommes arrivés à un niveau de plus d'un acte hostile par agent et par semaine", indique Damien Zuber, le directeur général de la fondation. "Ces actes hostiles sont devenus très difficiles à supporter pour notre personnel. Cela les affecte au niveau de leur vie privée et cause de l'absentéisme. Cela nous demande aussi de mettre en place des mesures de soutien psychologique pour le personnel", explique-t-il.

En parallèle, la Fondation des parkings annonce désormais une tolérance zéro face aux actes hostiles. "Le dépôt de plainte au Ministère public sera systématique. C'est un engagement de l'employeur pour protéger son personnel", poursuit Damien Zuber.

Nous nous rendons compte que le pouvoir de l'uniforme diminue et que les gens sont de plus en plus enclins à agresser notre personnel

Philippe Fragnière, chef de la police fribourgeoise

Même constat à Fribourg

A Genève, la surveillance est gérée par un organe autonome, sous mandat du canton. Dans d'autres villes, Fribourg par exemple, c'est la police locale qui est chargée de contrôler le stationnement.

Mais dans la cité des Zähringen, on tire le même constat qu'au bout du lac. Philippe Fragnière, le chef de la police locale, fait état de "noms d'oiseau, d'injures et de menaces".

"Pour le moment, il n'y a pas eu d'agression physique. Mais nous nous rendons compte que le pouvoir de l'uniforme diminue et que les gens sont de plus en plus enclins à agresser notre personnel", déclare-t-il.

A Fribourg comme à Genève, on peine à comprendre le phénomène. Dans les deux villes, le nombre de contraventions distribuées n'a pas augmenté.

Sujet TV: Thibaut Clémence et Valentine de Dardel

Texte web: Antoine Michel

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