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Face au manque d’infrastructures pour les enfants placés, les cantons étendent leurs solutions

À Genève, un établissement accueille et éduque les parents plutôt que de leur retirer leur enfant
À Genève, un établissement accueille et éduque les parents plutôt que de leur retirer leur enfant / La Matinale / 4 min. / le 27 juin 2024
Les places manquent en Suisse romande pour accueillir les enfants retirés à leurs parents par la justice dans le but de les protéger. Des lits sont même parfois réquisitionnés à l'hôpital. Les cantons cherchent donc des solutions à cette pénurie.

Dans cette optique, le Canton de Vaud a lancé un appel urgent il y a six mois pour trouver 50 familles d'accueil d'ici la fin de l'année. Aujourd'hui, 18 familles ont déposé leur dossier complet et quatre ont déjà reçu l’autorisation d’accueillir un enfant. Les premiers devraient découvrir leur nouveau foyer cet été. Le Canton a bon espoir de trouver 50 familles d’ici Noël.

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Une fois le dossier déposé, une évaluation et des visites doivent encore avoir lieu pour réunir un enfant et une famille qui se correspondent. Ces démarches peuvent durer plusieurs mois, mais sont fructueuses dans 80% des cas, estime le Canton. "J'ai été surprise, mais surprise en bien, dans le sens que les autorités ne cherchent pas à placer les enfants n'importe comment", a témoigné Claudia Vetsch Hernandez jeudi dans La Matinale de la RTS.

La cinquantenaire et son mari Boris ont décidé d’accueillir un enfant après une soirée d’information organisée par le Canton. Ils étaient déjà "famille-relais" le week-end. La campagne de recrutement de l'Etat les a poussés à franchir le pas pour devenir famille d’accueil.

>> Ecouter le témoignage de Claudia et Boris Vetsch dans La Matinale :

Le Canton de Vaud a lancé un appel urgent il y a six mois pour trouver 50 familles d'accueil d'ici la fin de l'année. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Reportage auprès d'une famille qui déposé un dossier complet pour accueillir un enfant placé / La Matinale / 1 min. / le 27 juin 2024

Une meilleure indemnisation

Les familles d'accueil bénéficieront d'un suivi rigoureux et seront entourées par des professionnels. Le Canton de Vaud a également décidé d'améliorer le système d’indemnisation et de simplifier la gestion administrative. Dès le 1er juillet, il introduira ainsi un système de forfait mensuel.

"Nous avons constaté, sur la base des feedbacks qui nous étaient donnés par les familles d'accueil, que nous avions un système très bureaucratique, très prenant pour les familles", explique Manon Schick, directrice générale de la Direction l'enfance et de la jeunesse (DGEJ) du canton de Vaud.

L'indemnité touchée augmentera de 480 francs par mois en moyenne pour s'adapter aux coûts de la vie. Le forfait s'élèvera désormais à 1900 francs par mois "pour chaque personne mineure accueillie à plein temps et à 63 francs par jour pour celles et ceux accueillis en relais durant le week-end ou les vacances", précise la DGEJ dans un communiqué.

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Deux lieux pour apprendre à devenir parent

D'autres solutions ont également été mises en place dans d'autres cantons pour pallier cette pénurie. A Genève, par exemple, pour éviter les placements, la Maison Dora héberge des bébés et leur famille. Ce projet pilote, mis en place par la Fondation officielle de la jeunesse, en partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Genève et le Service de protection des mineurs, vise à apprendre aux personnes menacées de perdre la garde de leur bébé à "devenir" parents.

Pour résider à la Maison Dora, les parents doivent accepter d'entamer un suivi et d'être observés en permanence par une équipe socioéducative. Pendant six mois en moyenne, ils seront soutenus et évalués dans leur rôle de parent. Il s'agit en général de personnes en situation de grande vulnérabilité, qui cumulent plusieurs facteurs de risque (toxicomanie, psychopathologies, précarité, parcours migratoire compliqué...). Les bébés présentent eux des signes de mal-être, mais qui peuvent s’atténuer grâce à cette prise en charge.

Un modèle qui suscite l'intérêt

"La Maison Dora accueille actuellement trois familles", a précisé sa directrice adjointe Stéphanie Vagneux dans La Matinale. "Nous avons deux grandes chambres qui peuvent accueillir des couples avec des enfants et une chambre où nous pouvons accueillir une dyade, c'est-à-dire un bébé et un parent."

D'autres lieux similaires existent en Suisse romande, notamment à Fribourg, Berne et dans le Jura, mais la Maison Dora est le seul dispositif de ce genre à accueillir aussi des pères seuls avec leur enfant. Le Canton de Vaud, qui possède trois lieux d'accueil pour les mères et leurs enfants, pourrait lui envisager de développer cette offre. "Nous trouvons intéressante l'idée d'accueillir les deux parents si deux parents sont présents, ou un père avec un enfant s'il n'y a pas de mère qui est présente", affirme Manon Schick.

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>> Ecouter l'interview complète de Manon Schick :

Manon Schick, directrice générale de l'enfance et de la jeunesse du Canton de Vaud. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Le Canton de Vaud soutient les familles d'accueil: interview de Manon Schick / La Matinale / 8 min. / le 27 juin 2024

Le bien-être de l'enfant

Si, dans certains cas, les familles peuvent rentrer chez elles après leur séjour dans de telles structures, il ne s'agit pas d'un but poursuivi à tout prix. "Il faut être très honnête, on n'évitera jamais tous les placements. Ce n'est pas un tabou que ce soit l'issue de l'accueil à la Maison Dora", concède Martine Miquel, secrétaire générale adjointe de la Fondation officielle de la jeunesse.

Chaque situation est évaluée avec le Service de protection des mineurs et éventuellement avec un juge afin de trouver la meilleure solution pour chaque bébé. Car, qu'il s'agisse d'une structure d'hébergement telle que la Maison Dora ou un placement dans une famille d'accueil, le bien-être de l'enfant est toujours l'objectif final.

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Pour les Vetsch, devenir famille d'accueil leur permettra d'aider un enfant en détresse, mais pourrait aussi avoir des effets positifs pour la société en général. "Si on arrive à être présent et aider à ce que le démarrage dans la vie se passe bien, c'est un futur adulte qui sera aussi très bien dans sa vie", estime Boris Vetsch.

Sujets radio: Charlotte Frossard et Céline Tzaud

Adaptation web: Emilie Délétroz

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Des lieux d’accueil en Suisse romande

Il existe plusieurs options de placement en Suisse romande pour les enfants retirés à leurs parents. Ils peuvent être placés dans des institutions spécialisées, des internats, des familles d’accueil classiques ou professionnelles. En cas d’urgence ou de manque de places, il est également possible de recourir aux hospitalisations sociales.

L’Etat de Fribourg rappelle toutefois que "ces types de placements en contexte hospitalier sont inadaptés et ont tendance à prétériter l’enfant/le jeune, surtout s’ils se prolongent dans le temps". Il peut arriver également que des enfants soient placés en dehors de leur canton de résidence, comme c’est le cas pour certains enfants jurassiens.

Des décisions de placement parfois retardées

Actuellement, quasiment tous les lieux d’accueil romands sont saturés. Certaines décisions de placement ne peuvent donc pas être mises en œuvre ou le sont avec beaucoup de retard. Dans le canton de Berne, la prise en charge des jeunes très vulnérables sur le plan psychosocial est particulièrement sous tension.

Ce manque de place génère une péjoration des situations personnelles ou familiales, nous indiquent plusieurs services cantonaux de protection de l’enfant. Certaines fratries doivent être séparées. Il arrive aussi que, faute de place, les enfants ne soient pas dirigés vers le lieu d’accueil ou la prestation qui corresponde pleinement à leurs besoins. Certains foyers peuvent aussi être amenés à réduire la durée et la fréquence des visites des parents, comme cela avait été signalé par une maman vaudoise ce printemps.

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