Le Parlement jurassien a adopté mercredi par 57 voix contre 1 et 2 abstentions le concordat réglant le transfert de Moutier dans le Jura. Côté bernois, le texte a été avalisé par par 112 voix contre 19 et 26 abstentions.
Le document confirme la fin de tout différend territorial entre les deux cantons. C'est maintenant au tour de la population des deux cantons de se prononcer, le 22 septembre prochain.
Moment historique salué à Delémont
Tous les groupes parlementaires jurassiens ont parlé d'un moment historique et solennel, qualifiant ce concordat de complet et équilibré. Il permet surtout d'accueillir Moutier, ont relevé les orateurs.
La ministre Nathalie Barthoulot a estimé que l'arrivée de Moutier constitue une chance pour le canton du Jura. Le député et secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) Pierre André Comte a évoqué "le juste retour de la cité prévôtoise dans la famille jurassienne, sa famille naturelle".
Le maire de Moutier Marcel Winistoerfer a salué un "résultat superbe". Les verdicts "ne laissent planer aucun doute" sur la suite du processus, selon lui, même s'il reste encore un "travail gigantesque" pour organiser le transfert de sa ville dans le canton du Jura.
Le concordat règle les principaux points liés au changement d'appartenance cantonale, afin d'assurer la continuité administrative, scolaire, judiciaire et hospitalière. Le document porte aussi sur le partage des biens. Si le canton du Jura obtient 6,3 millions de francs au titre de la fortune bernoise, il aura à verser 14 millions pour reprendre les biens immobiliers et les forêts.
En acceptant le concordat, les députés ont aussi abrogé l'article 139 de la Constitution jurassienne. Cet article stipulait que le Gouvernement est habilité à engager un processus tendant à la création d'un nouveau canton couvrant les territoires du Jura bernois et du canton du Jura.
Elus francophones bernois réticents
Au Grand Conseil bernois, les députés francophones de droite ont été les seuls à monter au créneau pour s'opposer au concordat, à l'image de Virginie Heyer (PLR), d'Etienne Klopfenstein ou Marc Tobler (UDC). Ces députés ont estimé que le canton de Berne "bradait ses frontières (Heyer) et que la "question jurassienne n'était pas réglée pour autant par ce transfert" (Klopfenstein), tandis que Marc Tobler a fondu en larmes à la perspective de voir sa commune quitter le giron bernois.
"On nous dit que la question jurassienne est réglée sur le plan institutionnel. Mais certainement pas sur le terrain et dans les campagnes", a dit Etienne Klopfenstein.
Au-delà du cas d'une partie de la députation francophone, le vote n'a pas fait un pli et était acquis, tant la grande majorité alémanique en particulier était désireuse de mettre un point qu'elle espère final à cette "question jurassienne" qui embarrasse les autorités depuis des décennies.
Les députés alémaniques, du PS, du Centre et du PLR notamment, n'ont pas manqué de rappeler que ce concordat était le produit de plus de dix ans de négociations. Et que les citoyens de la ville de Moutier ont accepté le rattachement au Jura à une majorité de 54,9% en 2021.
"Tourner la page"
Juste avant le vote, au nom du gouvernement bernois, le ministre francophone Pierre Alain Schnegg en a appelé à approuver le Concordat. "La population du Jura bernois veut vivre tranquillement et se concentrer sur d'autres questions que ce sujet qui a trop duré", a-t-il dit devant le Grand Conseil.
"Le vote du Partement cantonal "met véritablement le point final à la Question jurassienne, pour autant, que nous continuions par la suite dans cette salle (du Grand Conseil") à prendre les bonnes décisions en restant vigilants", a dit Pierre Alain Schnegg.
Et de poursuivre: "La population du Jura bernois en a assez de cette question. Elle veut tourner la page et se diriger vers des sujets nettement plus porteurs. On veut soutenir la dynamique du grand Chasseral."
cab/juma avec ats