"Le J1 n’avait pas attiré l’attention jusqu’ici, probablement parce qu’il n’est pas très apparent, entouré d’arbres, et que les méthodes traditionnelles de calcul par triangulation se basent sur l’intervisibilité des pics", a déclaré György Hetényi, professeur à l’Institut des sciences de la Terre (ISTE), lundi dans un communiqué.
Jusqu'à présent, deux sommets situés dans la partie française du Jura, le Crêt de la Neige et le Reculet, se disputaient le titre de point culminant de ce massif de plus de 360 kilomètres de long, le long de la frontière franco-suisse. Les cartes topographiques divergent encore sur ce point à l'heure actuelle, poursuit l'UNIL.
Une équipe de l'ISTE a donc décidé d'en avoir le coeur net. "J’avais aperçu une courbe de niveau sur une des cartes qui était intrigante et pas très lisible ", explique György Hetényi.
Bouleversements à la tête du classement
Une campagne de mesures dites de "GPS différentiel" - consistant à placer pendant quelques heures une antenne sur les sommets afin d'obtenir leur altitude avec une précision de l’ordre du centimètre à l'aide de satellites et du réseau GPS permanent - est alors lancée avec l'autorisation de la préfecture de l'Ain, en France voisine.
Les résultats viennent bouleverser la hiérarchie du toit du Jura. Non seulement le "J1", situé lui aussi dans la partie française du massif, s'impose comme nouveau roi, dominant le Crêt de la Neige de 2,75 mètres, mais un autre pic nouvellement mesuré, le "J2", vient égaler le Crêt de la Neige "à 1718 mètres et quelques centimètres". Le Reculet et ses 1717,14 m se voit donc relégué à la quatrième place.
Les mesures ont été effectuées aux pointes de rocher fixes les plus hautes de chaque sommet, et les calculs présentent une marge d’erreur de 5 centimètres maximum, précise l'UNIL. "Nous nous attendions à une différence, mais pas à ce qu’elle soit si prononcée ", commente György Hetényi.
Localisation secrète
Comme le Crêt de la Neige, le "J1" - baptisé en clin d'oeil au K2 dans le Karakorum, au Pakistan - se situe dans la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura. Celle-ci abrite des espèces rares comme le grand tétras et le lynx, dont l'équilibre est "très sensible aux pérégrinations humaines, et en particulier hors sentier". Pour cette raison, la localisation exacte du "J1" n’a pas été rendue publique.
Les résultats de la campagne de mesure ont été publiés dans les Mémoires de Géologie (Lausanne).
Le plus haut sommet du Jura suisse demeure quant à lui inchangé. Il s'agit du Mont Tendre, qui pointe à 1679 mètres d'altitude dans le Jura vaudois.
ats/juma