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Le personnel romand de Tamedia débraye pour dénoncer le plan de restructuration de l'éditeur

Une centaine de collaborateurs de Tamedia se sont réunis à Lausanne et Genève pour protester contre les licenciements annoncés
Une centaine de collaborateurs de Tamedia se sont réunis à Lausanne et Genève pour protester contre les licenciements annoncés / 19h30 / 23 sec. / le 12 septembre 2024
Le personnel des titres romands de Tamedia a débrayé pendant une heure jeudi en fin de matinée à Genève et à Lausanne. Une centaine de personnes - journalistes, syndicalistes et élus - se sont réunies devant les locaux de la Tribune de Genève et de 24 heures.

Ce débrayage intervient deux semaines après l'annonce de la restructuration du premier éditeur de Suisse, qui prévoit de supprimer 90 postes dans ses rédactions et 200 autres emplois en fermant ses imprimeries de Bussigny et Zurich.

Les titres romands, comme la Tribune de Genève, 24 heures ou le Matin Dimanche, seront particulièrement touchés. Selon leurs projections, un poste sur quatre, voire sur trois passera à la trappe.

Ce plan massif de restructuration signe la mort à petit feu de la Tribune de Genève, qui a déjà perdu environ un tiers de ses forces en dix ans, a affirmé jeudi son représentant du personnel Rocco Zacheo.

"Nous débrayons pour rappeler à l'éditeur (...) qu'il a une responsabilité face à la cité, à la population, à tout le tissu de la ville", souligne-t-il dans le 12h30. "Ils ont cette obligation morale de garder en vie un titre, d'investir dans un titre qui est nécessaire à la vie de la cité." Et d'appeler à investir plutôt qu'à procéder à des coupes pour que le titre puisse continuer à exister.

>> Lire aussi : Restructuration radicale chez Tamedia qui va supprimer près de 300 postes et fermer des imprimeries

"Une destruction pure et simple des rédactions"

Pour son homologue de 24 heures Erwan Le Bec, il ne s'agit pas d'une nouvelle "charrette" de Tamedia, "mais d'une destruction pure et simple des rédactions". Devant "l'ampleur" de cette annonce, "la première chose à faire serait de tout arrêter et de se mettre autour d'une table pour discuter", a-t-il dit.

Interrogé par Keystone-ATS, il a expliqué que des questions avaient été adressées à la direction de Tamedia, notamment pour savoir quels étaient "les projets précis" du groupe et combien de personnes seraient licenciées.

Ces questions sont, pour l'instant, restées sans réponse alors qu'une période de consultation va démarrer. Les détails de la restructuration seront ainsi divulgués par étapes, la semaine prochaine puis dans la première semaine d'octobre.

Bouleversement "inédit"

Le nom de la Tribune de Genève a été brièvement modifié lors de la manifestation au siège du journal. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]
Le nom de la Tribune de Genève a été brièvement modifié lors de la manifestation au siège du journal. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]

Durant ce débrayage d'une heure, une banderole noire a été déployée sur la façade de la Tribune de Genève, avec l'inscription "Sans nous, qui parlera de vous?". L'enseigne a aussi été brièvement modifiée en "Tribune de Zurich".

Les manifestants ont aussi brandi de nombreux panneaux, où l'on pouvait notamment lire "Tamedia condamne vos médias" ou encore "L'info romande saignée à blanc."

Les débrayages de Genève et Lausanne ont réuni des journalistes et syndicalistes. Des collaborateurs de l'imprimerie de Bussigny, condamnée à la fermeture, étaient aussi présents.

Les journalistes romands de Tamedia ont débrayé à Lausanne (ici) et à Genève. [KEYSTONE - VALENTIN FLAURAUD]
Les journalistes romands de Tamedia ont débrayé à Lausanne (ici) et à Genève. [KEYSTONE - VALENTIN FLAURAUD]

Isabelle Moret a fait part de son inquiétude à Tamedia

Des élus se sont aussi déplacés, à l'image de la conseillère d'Etat vaudoise Isabelle Moret. Dans son discours, elle a rappelé que le gouvernement cantonal avait rencontré la direction de Tamedia pour lui faire part de sa "très grande inquiétude pour l'avenir des médias en Suisse romande".

La ministre de l'Economie a aussi mis en garde face à "ce bouleversement inédit" pour la presse romande. "Nous voulons des médias qui puissent faire correctement leur travail", a-t-elle souligné.

Qualifiant de "mensongère" la communication de Tamedia, le personnel demande à la direction de pouvoir discuter de l'avenir du titre. Il en appelle aussi à une lutte collective pour défendre le biotope médiatique romand, son indépendance et sa qualité.

ats/ebz

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