Les sols gorgés d'eau après les pluies de mai inquiètent les professionnels de la terre
Les pieds dans la boue, agriculteurs et agricultrices scrutent le ciel et les applications météo, nourrissant l'espoir d'une accalmie durable. Les sols gorgés d'eau ont rendu impossible le passage des machines.
Après le gel du mois d'avril, la pluie presque continuelle et le froid du mois de mai ont ralenti le développement des plantes.
"Le sol est comme une éponge. Et cette éponge est désormais pleine. La dernière semaine, nous avons eu des précipitations presque équivalentes à celles d'un mois. Cela donne un excédent d'eau dramatique, particulièrement dans les zones plates", explique Claude Baehler mardi dans La Matinale de la RTS.
Des cultures menacées
Le président de Prométerre prend l'exemple des plaines de l'Orbe et de la Broye, régions fertiles tournées vers l'agriculture, qui "souffrent terriblement".
Certaines plantations, totalement immergées, ne survivront pas, tandis que d'autres cultures attendent le soleil pour enfin croître. La pomme de terre, illustre Claude Baehler, supporte deux jours d'inondation, après quoi elle meurt.
L'humidité a également favorisé le développement de maladies, en particulier fongiques, et des traitements sont inévitables dans les cultures. Les limaces ont également allègrement proliféré.
Des pertes potentiellement importantes
En France, certains professionnels, céréaliers et maraîchers en tête, craignent des pertes importantes.
La situation est tendue également en Suisse. Mais il est difficile pour l'instant de chiffrer les dégâts, note Claude Baehler. "Il faut voir si les pommes de terre qui ont été inondées vont mourir ou repartir et, dans ce cas, comment elles vont repartir. Ce qui est sûr, c'est que le contenu helvétique de nos assiettes sera légèrement restreint par ces évènements", déclare l'agriculteur vaudois.
Tout dépendra de l'évolution de la météo ces prochaines semaines. Claude Baehler explique que plus un sol est gorgé d'eau, plus il a besoin de temps pour se rétablir. Les vignerons, eux aussi, espèrent désormais une période plus stable.
Claude Baehler craint par ailleurs une période de sécheresse cet été. En effet, avec la pluie du printemps, certaines plantes n'ont pas fait suffisamment de racines. "Avec deux-trois semaines à 30 degrés, les racines n'auraient pas le temps de se développer pour aller chercher de l'eau en profondeur et subiraient des difficultés", prévient-il.
Une difficile adaptation au changement du climat
Les agriculteurs se préparaient aux chaleurs attendues en raison du changement climatique, mais ils se rendent comptent qu'il faut aussi compter sur d'autres facteurs, dont l'humidité. Des conditions changeantes qui leur rendent la tâche plus complexe. "C'est relativement compliqué de trouver des variétés résistantes pour l'ensemble de nos cultures. Il faut 10 à 12 ans pour trouver une nouvelle variété de blé", pointe Claude Baehler.
Et de conclure: "Il faut beaucoup de temps pour mettre tous ces éléments en place. Nous y travaillons activement. Nous espérons que nous allons arriver à nous adapter aussi vite que la nature nous bouscule."
Texte web: Antoine Michel Sujet et interview radio: Romain Bardet et Yan Amedro