Tamedia annonce la fusion de trois rédactions romandes, 25 postes supprimés en Suisse romande
"Avec la nouvelle organisation, nous réduisons la complexité dans les rédactions et modifions les processus et les structures dans les newsrooms afin de nous positionner de manière plus efficace et plus agile dans le monde des médias qui évolue de manière très dynamique", a déclaré Simon Bärtschi, directeur éditorial chez Tamedia, cité dans le communiqué.
Ainsi, le premier éditeur du pays compte "à l'avenir" fonctionner avec quatre rédactions pour les quotidiens et les titres dominicaux à Zurich, Berne, Bâle et en Suisse romande. Ces quatre équipes seront tenues de planifier et réaliser leurs sujets "en collaborant de manière plus étroite".
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Claude Ansermoz à la tête de rédaction romande
"La Tribune de Genève, en tant que marque importante, continuera à avoir sa propre présence digitale et à paraître en tant que journal", précise l'éditeur. Femina paraîtra désormais sous forme de supplément également dans la Tribune de Genève et 24 Heures. Le rédacteur en chef du quotidien vaudois Claude Ansermoz prendra la tête de la nouvelle rédaction romande.
Tamedia a également annoncé la création d'un "Digital Desk" et d'un "Print Desk" transversaux. Le premier, doté d'équipes des deux côtés de la Sarine sera "responsable de la diffusion des contenus de manière transversale". Aucune précision n'a été donnée sur la mission du second.
Tamedia s'est dite "consciente de la gravité" des mesures annoncées et a promis des plans sociaux, comprenant notamment des retraites anticipées.
Des fusions en Suisse alémanique
Les mesures de concentration des rédactions touchent également la Suisse alémanique. Ainsi, la rédaction des journaux régionaux zurichois (Landbote, Zürichsee-Zeitung, Zürcher Unterländer) sera intégrée à la rédaction de Zurich, dirigée par Raphaela Birrer, rédactrice en chef du Tages-Anzeiger. L’équipe de la SonntagsZeitung y sera également intégrée.
La rédaction des titres de l'Oberland bernois (Thuner Tagblatt, Berner Oberländer) sera dirigée par Wolf Röcken, rédacteur en chef de la Berner Zeitung. Les rédactions de Bilan, Schweizer Familie et Finanz und Wirtschaft demeurent quant à elles inchangées.
Fin août, Tamedia avait annoncé la suppression de 90 équivalent plein temps et la fermeture des imprimeries de Bussigny (VD) et Zurich, impliquant la destruction de 200 autres emplois.
"Indigne d'un éditeur de cette taille"
"C'est inouï, inadmissible, c'est la première fois qu'un éditeur ose fusionner des rédactions historiques plus que centenaires et ancrées dans leur territoire" a réagi Erwan Le Bec, président de la société des collaborateurs de 24 Heures auprès de Keystone-ATS. "Ces mesures sont indignes d'un éditeur de cette taille", a-t-il ajouté.
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"L'éditeur pratique prétendument une politique de qualité, et il le fait en taillant dans les effectifs de manière historique", a-t-il déploré. Selon lui, la Suisse romande paie un "lourd tribut pour des erreurs de stratégie passées" de l'entreprise.
Une assemblée générale des rédactions romandes de Tamedia s'est tenue dans l'après-midi. "Il y a un grand choc au niveau des rédactions. L'évolution des chiffres annoncés il y a trois semaines a pour effet de rendre la communication du groupe floue et perturbante", a déclaré Chloé Din, journaliste chez 24 Heures et membre de la SDC à Keystone-ATS.
"Pour l'heure, on se concentre sur les coupes annoncées qui sont énormes. La suppression de 25 ETP correspond à 40 personnes touchées", ajoute-t-elle. Comme les rédactions concernées comptent 210 personnes, près d'un employé sur 5 est donc touché. "On se demande comment on va faire pour couvrir l'actualité romande à l'avenir si ces chiffres sont appliqués."
kkub/boi avec ats
Réactions politiques dans les cantons de Genève et Vaud
Le Conseil administratif genevois a réagi dans un communiqué, disant accueillir "avec consternation" les annonces de Tamedia, un groupe de presse qui, "malgré ses promesses, précipite encore un peu plus la fin de ses quotidiens locaux en Suisse romande", ajoutant: "Aujourd'hui la survie du plus ancien quotidien genevois est bel et bien menacée, et avec elle la couverture médiatique de proximité, tant dans le canton de Genève que dans le canton de Vaud." Pour l'instance politique, les médias locaux ne sont pas "qu'un élément de branding", mais bel et bien un "contrepouvoir (...) essentiel au bon fonctionnement de nos institutions démocratiques".
La présidente du Conseil d‘Etat genevois Nathalie Fontanet a pour sa part déploré sur les ondes de la RTS que la Tribune de Genève ne semble être "maintenue que comme une rubrique locale". "Et cela est très inquiétant", a-t-elle souligné.
Prise de parole similaire pour le Conseil d'Etat vaudois qui exprime "sa vive inquiétude pour la diversité et la pluralité de la presse en Suisse romande". Un gouvernement qui note "prendre acte de l'ouverture formelle de la procédure de consultation et déplore que, proportionnellement, la Suisse romande soit particulièrement impactée par les suppressions de postes dans les rédactions". Et de souligner percevoir "la concrétisation du risque d'appauvrissement de la presse dans notre région".
Le syndicat des journalistes suisses Impressum a lui demandé "des mesures d'accompagnement à la hauteur du séisme" pour les personnes touchées. Il a exigé que Tamedia s'engage dans le futur à "mettre fin aux réorganisations successives qui se font au détriment du personnel et de la diversité de la presse".