La fréquentation des pistes à Anzère (VS) pendant les fêtes a été "la meilleure de tous les temps", déclare le président de téléanzère Sébastien Travelletti. Le dernier record, atteint en 2019 avec 5723 entrées journalières, a été battu à deux reprises entre Noël et Nouvel An, dit-il.
Les objectifs de la période de fin d'année vont être atteints, même si le bilan global est pour le moment légèrement inférieur à l'année dernière en raison d'un début de saison moins favorable. Les remontées mécaniques de Grimentz-Zinal (VS) enregistrent elles déjà une légère avance par rapport à la saison précédente. "Il s'agit du meilleur mois de décembre qu'on ait jamais eu", indique son directeur Pascal Bourquin.
Même son de cloche dans les Alpes vaudoises, prises d'assaut par les skieurs ces dix derniers jours marqués par une neige parfaite et un ensoleillement constant. "La fréquentation est supérieure à l'année dernière, qui était déjà une année record pour la période de Noël", précise le directeur des remontées Villars-Gryon-Diableret Martin Deburaux.
Boost de fréquentation en basse altitude
Le caractère désormais exceptionnel de telles conditions pour le ski renforce l'engouement des Suisses, qui représentent la majorité de la clientèle. Ils ont été nombreux à monter dans les stations pour éviter la grisaille en plaine. Et ce y compris dans les stations de basses altitudes, où la neige se fait de plus en plus rare. "Le nombre de clients pendant les vacances et le chiffre d'affaires ont doublé par rapport à la saison dernière", se réjouit Marc-André Léchot, président du conseil d'administration des Téléskis des Prés-d'Orvin (BE), au-dessus de Bienne.
La station, qui a pu ouvrir en continu entre le 24 décembre et le 1er janvier, ne sera pas en déficit, après deux années déficitaires, explique Marc-André Léchot. Bien qu'optimiste, il se dit toutefois réaliste. Ces conditions de neige n'étant plus la norme, l'exploitation mise désormais aussi sur les activités d'été pour entrer dans ses frais.
La neige a ravi tous les Suisses, aussi dans la région alémanique. Tous les records des 55 ans d'histoire de la station de Hoch-Ybrig dans le canton de Schwytz ont été battus, selon son responsable. Les conditions ont aussi été parfaites sur les pistes de la Jungfrau Ski Region.
ats/lan/hkr/vic
Toujours moins de saisonniers issus du monde agricole
Artisans ou agriculteurs durant l’été, préparateurs de pistes en hiver: les saisonniers jouent un rôle clé dans les stations de moyenne montagne. Pourtant, leur nombre diminue chaque année, fragilisant un modèle déjà difficile à maintenir.
Au Moléson, dans le canton de Fribourg, Hugo consacre ses hivers à sécuriser les pistes, par passion pour la montagne. "L'été, je suis menuisier, et l'hiver, patrouilleur. Mais nous sommes de moins en moins... Avec le réchauffement climatique, le manque de neige, ça devient incertain d'avoir un salaire sur tout l'hiver", a-t-il témoigné mercredi dans le 19h30 de la RTS. Ce métier est donc loin d’être son activité principale.
Il faut négocier
Il y a encore 20 ans, 70% des saisonniers de la station étaient issus du monde rural. Aujourd’hui, cette réalité a changé et les profils agricoles se font rares. "C'était beaucoup soit de petits exploitants agricoles, soit des travailleurs agricoles qui n'avaient pas d'exploitation et qui cherchaient des revenus complémentaires en hiver, lorsque leur activité était amoindrie", se souvient le directeur des remontées mécaniques de Moléson Antoine Micheloud. "Les métiers de l'agriculture sont peut-être un peu plus réguliers aujourd'hui, avec des exploitations agricoles qui fonctionnent presque à l'année", constate-t-il.
Une exception notoire se trouve à la station neuchâteloise des Bugnenets-Savagnières, où 90% des saisonniers travaillent la terre pendant l’été. "On en est parfois à la troisième génération d'une même famille", souligne Serge Rohrer, membre du conseil d'administration. Ce lien avec le monde rural permet à la station de pourvoir ses différents postes hivernaux, mais il faut parfois négocier finement pour obtenir le personnel nécessaire.
"Avoir de la neige jusqu'en plaine, ça donne envie aux gens de se rendre en montagne"
Invité dans le 12h30 de la RTS, Pierre Besson, le président de la coopérative qui commercialise le Magic Pass, souligne également le bilan "exceptionnel" pour toutes les stations de l'abonnement. "Le fait d'avoir de la neige jusqu'en plaine, ça donne envie aux gens de se rendre en montagne", affirme-t-il.
Beaucoup de skieurs et de skieuses ont également décidé de prendre de l'altitude pour fuir le brouillard, ajoute-t-il. "Les gens sont allés à la montagne et ils ont rencontré des conditions qui étaient exceptionnelles, une neige qui était fantastique, des températures froides mais pas trop froides", dit-il. "Tous les éléments étaient réunis pour avoir du succès."
Pierre Besson estime par ailleurs que tous les éléments sont réunis pour que la suite de la saison soit aussi positive qu'elle l'a été jusqu'à présent.
"Avant Noël, les stations de moyenne altitude ont fait leur quota de neige pour l'ensemble de l'hiver, ce qui fait que les conditions exceptionnelles risquent de durer", déclare-t-il. "Il faudrait juste que la météo suive, mais je crois qu'il n'y a pas trop de soucis à se faire."