Les cantons romands souffrent d’un manque de familles prêtes à s’investir dans la garde et l’éducation d’enfants issus de situations familiales délicates. Ce besoin est estimé à 40 environ dans le canton de Vaud pour que le système soit véritablement opérationnel, un chiffre qui descend à 10 pour le Valais, le canton le moins en proie aux difficultés.
Sont concernés par les placements les orphelins, mais aussi les enfants dont l’entourage familial est délétère et parfois violent. La demande d'aide provient parfois des parents eux-mêmes, des couples souvent déchirés qui n’arrivent plus à prendre en charge leurs progénitures.
Trouver des familles compatibles
Comment expliquer la pénurie actuelle? Les familles d’accueil existent en Suisse romande, elles sont même des centaines déclarées au Service de protection de la jeunesse des différents cantons.
Mais ce qui pose problème, ce sont les cas extrêmement variés à traiter. Il faut en effet compter avec des enfants issus de classes sociales diverses, d’horizons culturels multiples également. Autant de parcours de vie qui doivent être compatible avec les familles prêtes à l’accueil, qui sont examinées et interrogées avant une éventuelle validation de leur dossier. La procédure est parfois lourde et peut décourager.
Cercle familial élargi
Côté solutions pour tenter de pallier cette pénurie, des pistes existent. Elles proviennent majoritairement du cercle familial élargi, lorsqu’il est apte à pouvoir prendre en charge l’éducation de ces enfants.
Il y a également le recours aux institutions, mais ces structures sont elles aussi saturées. Certains cantons ont donc récemment décidé de passer à l’action via internet. C’est le cas de Genève qui cherche une trentaine de familles d’accueil.
Campagne de recrutement
"Par cette campagne de recrutement, nous essayons de faire comprendre à la population que nous devons chercher des familles avec des profils très variés, du fait d'un dispositif saturé", explique Francine Teylouni, directrice générale de l'Office de l'enfance et de la jeunesse du canton.
L'attente pour les placements peut aller de trois jours à trois mois, voire au-delà, souligne la responsable. "Nous faisons en sorte que ce soit constamment dynamique pour qu'il n'y ait aucun enfant qui reste bloqué dans un endroit du processus, mais la situation est préoccupante et c'est difficile."
Vers une centralisation des donnés
Outre-Sarine, le constat est similaire. Les listes d’attente sont longues du côté alémanique également, même s'il reste difficile d’articuler un chiffre puisque les placements sont généralement effectués par des structures privées.
Il n’existe actuellement en Suisse aucun organe capable d’établir une vue d’ensemble de la problématique. On ne sait dès lors pas précisément combien d’enfants sont réellement placés ni où ils se trouvent exactement.
Cette situation préoccupe les autorités. L’Office fédéral de la justice est en train de récolter des données pour saisir la situation sur l’ensemble du territoire. Les premiers résultats seront connus dès 2020.
Adrien Krause/kkub