Le mythe de l'infirmière souriante et entièrement investie dans l'écoute et les soins aux patients se fissure. Jusqu'à exploser, comme le nombre de cas de dépressions, voire de démissions.
Ainsi, selon l'Observatoire suisse de la santé, 46% des infirmiers et des infirmières ont quitté leur métier, ce qui fait d'eux la branche la plus touchée des activités de la santé par les départs avant la retraite.
"Usure"
"C'est un métier usant à la longue. Etre confrontée au quotidien pendant des années à des gens malades pèse sur le moral", témoigne Catherine, reconvertie dans la réflexologie après avoir été infirmière pendant 25 ans. "Quand j'ai choisi cette voie, j'étais d'accord d'avoir des horaires irréguliers, de travailler de nuit, 24 heures sur 24 ou 7 jours sur 7. Mais je me suis brûlée", témoigne-t-elle dans le 19h30 mercredi.
La Jurassienne exprime un mal-être perceptible chez de nombreux infirmiers romands. Sous le couvert de l'anonymat, les langues se délient. Qui pour parler de son "amour-haine" pour un métier qui l'enchante autant qu'il la "détruit". Qui pour dénoncer les pressions croissantes des assureurs, la perte de lien avec le patient qui est de plus en plus souvent traité en ambulatoire, le manque d'attention, voire de considération de la part des supérieurs. Le tout ajouté aux risques du métier.
Des remèdes proposés
Situation sans remède? Consciente des maux qui touchent le personnel, Catherine Citherlet, directrice des soins à l'Hôpital du Jura, a mis en place des mesures pour stopper l'hémorragie. "Nous avons déchargé les infirmières de tâches relevant de l'intendance ou de l'hôtellerie. Nous avons aussi supprimé les horaires de 12 heures."
Pour la directrice, c'est aussi le rôle de l'hôpital d'accorder davantage de place au personnel infirmier et ne pas voir ces mesures comme des coûts supplémentaires.
Chloé Steulet/gax