Les étudiants romands souffrent-ils de dépression? Selon une enquête de la RTS, près de 1000 d’entre eux sont en tout cas passés par les services psychologiques des principales universités de Suisse romande en 2016, alors qu'ils étaient environ 800 en 2015.
Concrètement, il existe en Suisse romande quatre pôles principaux de consultation en milieux universitaires, à Neuchâtel, Fribourg, Lausanne et Genève.
Système de notation et examens
Ces centres accueillent aussi parfois les étudiants d’autres écoles comme l’EPFL ou l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID) basé à Genève. Des milliers de consultations sont donc dispensées chaque année, certains étudiants étant suivis sur une longue durée.
Cette tendance à la hausse s'explique par des facteurs relativement nombreux, selon les responsables de ces centres. Contactés par la RTS, certains l’expliquent par des systèmes de notations de plus en plus présents ou des examens qui se multiplient.
Peur de l'inconnu et de l'avenir financier
D’autres invoquent la peur de l’inconnu ou un avenir financier incertain. Mais le plus souvent, derrière l'anxiété des études se cachent des problèmes plus personnels, plus profonds, comme un cadre familial problématique ou un parcours de vie tumultueux.
Ces situations s’accentueraient encore, selon certains responsables, avec l’augmentation de la population étrangère au sein des universités. Les étudiants internationaux, parfois en manque de repères, peuvent aussi rencontrer des difficultés d’intégration.
Genève en tête
Parmi les villes universitaires, Genève est celle où les étudiants font le plus appel au service de psychologie des universités.
La cité de Calvin enregistre en effet le taux de consultation le plus important en Suisse romande, avec près de 500 étudiants passés par ces structures l’an dernier, soit 35% de plus que sur l’ensemble de l’année 2015.
Boom des prises de rendez-vous en ligne
Cette forte augmentation s’explique avant tout par une amélioration de la visibilité du service via internet.
"L'augmentation est due en grande partie à la mise en place de notre site internet, qui détaille ce que nous proposons", explique Pierre Moiroud, psychologue et responsable du pôle Santé sociale à l’Université de Genève.
Eviter la stigmatisation
"Nous avons également mis en ligne un système qui leur permet de prendre rendez-vous très facilement, en choisissant le jour et la personne consultée. Tout cela favorise le fait que c'est beaucoup moins stigmatisant pour les étudiants de consulter un psychologue."
Le besoin est réel, note encore Pierre Moiroud, puisque le nombre de rendez-vous a augmenté de 70% depuis la mise en place de la prise de rendez-vous via internet. Devant l'augmentation de la demande, certains services ne cachent pas travailler à flux tendu.
Adrien Krause/kkub
Hausse en vue, mais pas d'alarmisme
Les universités, elles, refusent de s’alarmer: seule une petite partie des étudiants est concernée par le besoin de consultations psychologiques. Mais la hausse constatée pourrait devenir une constante à l’avenir, pour une simple raison démographique.
Selon l’Office fédéral de la statistique, le nombre d’universitaires et d’étudiants en hautes écoles a doublé en Suisse depuis le début des années 2000. Ils sont aujourd’hui plus de 240'000 à prendre place quotidiennement dans les salles de cours.