Les problématiques des régions transfrontalières, plutôt riches mais en périphérie du centre de décisions, sont spécifiques. Il est donc difficile pour elles de sensibiliser Paris à des thématiques qui leur sont propres et qui peuvent paraître secondaires.
Il s'agit notamment des questions de chômage, de transports, de fiscalité ou de libre circulation. Mais on trouve aussi des cas très particuliers, qui traînent parfois à cause de règles centralisatrices et pas forcément adaptées.
"C'est nous Français qui bloquons"
"Nous travaillons depuis plusieurs années avec le Conseil d'Etat genevois sur l'école d'infirmières et sur la possibilité d'avoir des cours de formation continue pour des personnels suisses dans la nouvelle école qui se situera sur Annemasse", explique ainsi le maire socialiste de la commune Christian Dupessey.
"Aujourd'hui, alors qu'il y a un accord politique sur le co-financement et le fonctionnement, nous sommes bloqués et c'est nous, Français, qui bloquons, parce qu'on ne trouve pas de statut particulier pour répondre aux interventions des formateurs suisses qui viendraient former des Suisses également sur notre territoire. Si on ne prend pas en compte cette spécificité, on ne pourra pas mettre en place une école transfrontalière de soins infirmiers que tout le monde des deux côtés de la frontière souhaite."
Et la formation des infirmiers n'est pas un sujet à prendre à la légère dans la région genevoise, tant il en manque d'un côté comme de l'autre de la frontière. Pour Christian Dupessey, c'est donc ce type de spécificités auxquelles doit pouvoir répondre le prochain gouvernement français.
Un secrétaire d'Etat pour les territoires transfrontaliers
La principale mesure demandée - depuis un moment déjà - est la nomination d'un secrétaire d'Etat chargé des territoires transfrontaliers. "Pour aider la politique des régions transfrontalières, il faut créer un facilitateur au niveau des ministères", explique Michel Charrat, président du Groupement transfrontalier européen (GTE).
"En tant que président du groupement, aujourd'hui je m'adresse parfois à trois voire quatre ministères sur certains sujets. Pour les élus locaux, c'est exactement la même chose et pour les départements et les régions aussi. Donc ce que je réclame depuis un petit moment, c'est un secrétariat d'Etat."
Le profil pro-européen et ouvert sur le monde du président français élu donne de l'espoir en ce début de législature, même si Emmanuel Macron n'a pas thématisé le sujet pendant sa campagne.
"On a pu sentir un désengagement de l'Etat jusqu'ici"
Olga Givernet, référente de La République en Marche (nouveau nom du mouvement En Marche!) pour le département de l'Ain estime cependant qu'il aura une oreille attentive à ces préoccupations. Jusqu'à présent, souligne-t-elle, "on a pu sentir un désengagement de l'Etat quant aux négociations qui pouvaient se faire. En tant qu'élue locale, d'ailleurs, j'ai pu ressentir cette distance. Aujourd'hui, j'ai vraiment confiance qu'avec Emmanuel Macron et la majorité présidentielle dont il a besoin pour gouverner, il y aura une prise en charge très correcte des sujets transfrontaliers."
Pour Olga Givernet, cela ne passera pas forcément par la nomination d'un secrétaire d'Etat mais pourquoi pas par la création d'un ministère dédié aux questions européennes et internationales.
L'annonce, d'ici quelques jours, de la composition du futur gouvernement français donnera déjà des indices sur les intentions du nouveau président à l'égard des régions transfrontalières.
Tania Sazpinar/oang