Réseau internet, hôtesses et billets deux fois moins chers que les CFF: c'est ce qu'entend proposer la compagnie zurichoise Domo Reisen, qui veut desservir les principales villes suisses avec ses bus low-cost.
Mais deux cantons romands s'y opposent: le Valais et Vaud. Pour la conseillère d'Etat vaudoise Nuria Gorrite, cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore et menacerait l'équilibre du réseau ferroviaire. "Il y a un vrai risque à ce que les lignes ferroviaires régionales soient prétéritées par l'introduction de ce type de concurrence", explique-t-elle dans le 19h30. La socialiste craint aussi un encombrement supplémentaire des routes.
Soutien du Conseil fédéral à une ouverture du marché
Domo Reisen souhaite exploiter trois lignes à travers le pays, dès décembre, à raison de deux liaisons dans chaque direction par jour. Ce serait une première car, jusqu'ici, les autocaristes ne pouvaient pas transporter des passagers entre les villes suisses. Mais, à l'image de Flixbus à la suite des libéralisations en Europe, de plus en plus de compagnies étrangères traversent le territoire helvétique, Le Conseil fédéral souhaite donc ouvrir modérément le marché.
"Les CFF n'ont pas le monopole du transport en Suisse. Notre attention c'est de faire intervenir de nouvelles offres là où cela paraît faire sens, tout simplement, en supprimant quelques barrières et quelques difficultés", selon Pierre-André Meyrat, directeur suppléant de l'Office fédéral des transports.
Neuchâtel sceptique
A l'instar de Vaud et du Valais, le canton de Neuchâtel se dit également sceptique. Il demande de limiter une éventuelle concession à trois ans d'essai.
Des réticences jugées inutiles par le conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS), qui défend l'offre d'une alternative à ceux qui ne peuvent pas se payer les CFF. "Je ne pense pas qu'aujourd'hui les pendulaires qui vont travailler tous les jours de Lausanne à Genève ou de Zurich à Berne vont, demain, se mettre à prendre l'autobus et le double ou le triple du temps que cela prend, simplement pour économiser un peu d'argent. Par contre, on veut offrir un moyen de transport aux gens qui n'ont pas d'autre choix que la voiture", dit-il.
La compagnie Domo Reisen saura d'ici à quelques semaines si elle peut ou non exploiter ses lignes. Reste à voir si la Confédération tiendra compte des oppositions romandes.
Jean-Marc Heuberger/hend
Philippe Nantermod, conseiller national (PLR/VS)