Depuis plusieurs mois, les initiatives cantonales et fédérales ciblant les coûts de la santé fleurissent: limiter à 10% le poids des primes maladie dans le revenu disponible des ménages, interdire aux parlementaires de siéger dans les directions des assureurs, relever la franchise maximale à 10'000 francs ou empêcher un changement de franchise avant trois ans.
Premier coup d'arrêt à Neuchâtel: une initiative cantonale voulant permettre de défiscaliser les primes d'assurance maladie avait été déposée en 2016, mais le Grand Conseil l'a reconnue illégale mardi. Le texte ne respecte pas le droit fédéral.
L'initiative "a omis des déductions possibles dans l'assurance vie et dans le domaine des intérêts de l'épargne. À partir de là, il y a un trou juridique qui n'est pas compatible avec le droit supérieur", explique dans le 19h30 Mauro Moruzzi, président des Verts-libéraux neuchâtelois.
Des intérêts politiques derrière ces initiatives?
Face au nombre important de textes qui veulent réformer le système de santé, certains observateurs y voient surtout des intérêts politiques. C'est le cas de Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la revue médicale suisse. "C'est sûr que ce sont des opérations de communication. J'appelle à un débat de fond. Jusqu'ici le Parlement s'est peu investi, il connaît peu comment cela fonctionne."
Des critiques partagées par la faîtière des assurances maladie. "Ces initiatives ne luttent pas contre les raisons de l'augmentation des coûts de la santé", estime Verena Nold, directrice de SantéSuisse.
La responsable va même plus loin: "Tout le monde sait où on peut économiser, la question c'est la volonté. Il y a beaucoup d'études qui ont été faites, on sait très bien comment cela fonctionne à l'étranger, donc ce ne sont pas les idées qui manquent. C'est la volonté qui manque pour vraiment changer quelque chose."
Le système suisse de santé coûte aujourd'hui plus de 800 francs par mois et par habitant. Pour freiner l'augmentation des coûts, il faudra donc davantage que des initiatives illégales, des phrases chocs ou des subventions du système de santé par l'impôt.
Julien Chiffelle