Les jeunes gens, parmi lesquels quatre Genevois, un Vaudois et un Neuchâtelois qui ont requis l'anonymat, ont expliqué à la RTS avoir répondu à un appel du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche) qui souhaitait le déploiement d'observateurs civils dans les régions turques où les observateurs de l'OSCE ne se rendraient pas.
Accompagné d'un interprète, le groupe affirme avoir eu le temps de visiter dans la matinée trois locaux de vote de villages où, selon eux, tout se passait bien malgré une présence militaire très visible.
Trois d'entre eux -et non six comme indiqué précédemment- auraient été arrêtés plus tard par la police à un "check point" alors qu'ils se dirigeaient vers Ceylanpinar, dans la province d'Urfa (Anatolie du sud-est) à majorité kurde.
Les forces de l'ordre auraient invoqué l'"illégalité" de leur présence sur place, un argument contesté par les militants. Leurs papiers auraient été confisqués pendant plusieurs heures pour "vérification".
"Pression et frustration"
"C'était tendu, nous sentions la pression de la vingtaine de policiers armés autour de nous, et nous avions la frustration de ne pas pouvoir faire ce pour quoi nous étions là", a raconté leur porte-parole. Ce dernier a rappelé que la région avait été le théâtre d'irrégularités notoires lors d'élections précédentes.
Au final, après avoir été "maintenus dans le flou plusieurs heures", les jeunes Suisses ont été libérés peu après la fermeture des bureaux de vote, à 17h00 locales. Leurs identités et numéros de passeport ont été relevés par la police, mais l'affaire ne devrait, espèrent-ils, pas avoir de suite.
Selon leur porte-parole, un autre groupe d'observateurs civils français, ayant également répondu à l'appel du HDP, ont vécu une mésaventure similaire à Suruç, dans la même région.
Craignant des fraudes, opposants et ONG avaient mobilisé de nombreux observateurs internationaux pour surveiller les urnes.
Des membres du Parti communiste français arrêtés
Trois membres du Parti communiste français (PCF) ont également été retenus plusieurs heures dimanche par les autorités turques avant d'être relâchés peu après la clôture du scrutin. Ils étaient soupçonnés de tentative de fraude électorale visant à soutenir l'opposition, a précisé une porte-parole du parti.
De son côté, l'agence de presse turque Anatolie a fait état dimanche d'"initiatives judiciaires" dans le sud-est du pays contre dix étrangers - français, italiens et allemands - se présentant comme observateurs mais ne disposant pas d'accréditation.
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ptur