Le temps chaud et ensoleillé a rendu les raisins particulièrement gros et sucrés cet été. Les viticulteurs allemands ont donc commencé à récolter le raisin avec trois semaines d'avance par rapport à la norme. Jamais les vendanges ne s'étaient déroulées aussi tôt dans le pays.
En Suisse romande, la vigne a également deux à trois semaines d'avance par rapport à un été plus normal. Pour certains cépages spécifiques, notamment en Valais, les coupes de grappes ont ainsi déjà débuté en raison de la chaleur.
Après la canicule, la pluie bienvenue
Au Domaine du Paradis à Satigny, en campagne genevoise, l'oenologue Didier Cornut s'est réjoui des précipitations durant la journée de jeudi, après une longue période de sécheresse. "Cette pluie chaude est de l'or béni. On souhaiterait maintenant des nuits fraîches et des journées sèches."
Dans les vignes de Didier Cornut, les raisins de Zinfandel, un cépage rouge tardif, attestent de la période de canicule. Mais pas seulement. "On voit sur ce cep qu'il a été touché par la grêle il y a trois semaines", explique l'oenologue. "On voit aussi des grains qui ont séché, et des grains en train de tourner. On le récolte normalement fin octobre, mais là ce sera probablement fin septembre."
Vaud en léger décalage
En Valais, des cépages nouveaux comme le Divico peuvent déjà être récoltés, mais ils font exception. Pour le Vaudois Michel Cruchon, vigneron à Echichens, au-dessus de Morges, il ne fait aucun doute que les vendanges commenceront plus tôt que d'habitude.
"Par rapport au Valais et à Genève, nous avons toujours un décalage de 7 à 10 jours. Pour nous, les vendanges se feront à mi-septembre à coup sûr, même si certaines choses vont se faire déjà avant. Ce sera une année très précoce."
Cette précocité généralisée n'est toutefois pas alarmante aux yeux de Michel Cruchon. "Dans le canton de Vaud, il y plus de 200 ans, on a eu vendangé au mois d'août. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil", relativise-t-il.
Beaux jours et nuits fraîches
"On a 10 à 15 jours d'avance sur un millésime normal, on commencera donc fin août", confirme de son côté le Genevois Didier Cornut. "Ce qui stresse un peu tout le monde: on a toujours l'impression qu'on ne sera jamais prêt, mais on y arrive toujours."
Idéalement, le temps parfait jusqu'aux vendanges serait "des nuits fraîches et des beaux jours", comme le souhaite Michel Cruchon, soit des amplitudes un peu plus grandes qu'actuellement. "Ce serait le top pour garder les arômes et l'acidité afin d'arriver à un millésime équilibré." Quelques craintes aussi: la grêle ou les coups de soleil, qui feraient baisser le taux d'acidité du fruit.
Pierre-Etienne Joye/kkub