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Un couple de radicalisés perd provisoirement la garde de ses enfants

La justice vaudoise retire provisoirement la garde des deux enfants d'un couple radicalisé (image d'illustration). [KEYSTONE - Fabrice Coffrini]
Un couple de radicalisés perd provisoirement la garde de ses enfants / Forum / 3 min. / le 19 septembre 2018
Deux parents, arrêtés en novembre dernier pour soupçons de terrorisme dans une opération franco-suisse, ne peuvent pas continuer à exercer leur droit de garde sur leurs enfants, selon un arrêt de la justice vaudoise que s'est procuré la RTS.

Soupçonnés de préparer des actes à caractère terroriste, un Yverdonnois et une Colombienne ont été arrêtés fin 2017 lors d'une opération menée par des enquêteurs suisses et français.

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Depuis, l'homme est détenu en France alors que la femme a été expulsée vers la Colombie en mars. Le sort de leurs deux enfants, lui, était encore en suspens.

"Lourdement failli au devoir de parents"

En effet, la justice de paix de Lausanne avait retiré provisoirement l'autorité parentale du couple pour protéger ces enfants en très bas âge. Les parents ont tenté de récupérer ce droit, mais la chambre des curatelles du canton de Vaud a rejeté leur recours le 9 août dernier.

Cependant, cette décision pourrait ne pas être définitive, car l'arrêt de la justice vaudoise, qu'ont pu consulter la RTS et SRF, fait l'objet d'un recours devant le Tribunal fédéral.

Mauvais traitements graves et répétés

Les instances judiciaires vaudoises reprochent au couple d'avoir "lourdement failli à leur devoir de parents".

Les enfants ont été pris en charge par le service vaudois de la protection de la jeunesse (SPJ), dès l'arrestation des parents. C'est principalement sur la base de son rapport d'enquête que la justice a confirmé, en deuxième instance, le retrait provisoire de l'autorité parentale.

Les extraits du rapport retenus par les juges parlent de mauvais traitements graves et répétés à l'encontre des enfants. Le SPJ a même dû déposer une plainte pénale contre les parents pour violences physiques et psychiques, manquements graves au devoir d'éducation, incitation à la violence et tentatives d'endoctrinement.

Recours au Tribunal fédéral

Les juges relèvent aussi l'absence totale de repères éducatifs de la mère, son incapacité à protéger les enfants des violences du père, ou encore le fait qu'elle présenterait toujours des indices de radicalisation. Enfin, ils évoquent aussi un risque concret d'enlèvement des enfants avec l'aide de tiers.

Les juges n’ont donc pas retenu le fait que, dans son recours, la mère a reconnu avoir fait des erreurs et s'être sentie isolée. Celle-ci explique aussi avoir demandé de l'aide à la garderie et aux pédiatres, et avoir exprimé au SPJ sa volonté d'être suivie par les services sociaux. Quant au père, il admet dans son recours ne pas avoir toujours été irréprochable avec ses enfants, tout en justifiant certains gestes par ses origines étrangères.

La justice a finalement décidé qu'il était dans l'intérêt supérieur des enfants de les séparer provisoirement de leurs parents. Tout en exigeant du SPJ qu'il examine la possibilité de mettre en place un dispositif pour que parents et enfants puissent avoir une forme de contact.

Mais cet arrêt est aujourd'hui contesté par un des deux parents devant le Tribunal fédéral, a confirmé à la RTS l’ordre judiciaire vaudois. Impossible, pour l'heure, de savoir s'il s'agit du père ou de la mère, car leurs avocats respectifs n'ont pas souhaité répondre aux questions.

Marc Menichini/rens

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