Ce concept, baptisé "snow farming" en anglais, consiste à conserver le manteau neigeux sous des copeaux ou des plaques isolantes pendant l'été pour en limiter au maximum la fonte. Cette neige "recyclée" peut ensuite être récupérée au début de la saison suivante.
L'idée est déjà utilisée à Davos depuis une dizaine d'années pour une piste de ski de fond et commence à se faire connaître ailleurs en Europe, comme à Kitzbühel et à Courchevel notamment. La station française a ainsi profité de l'enneigement exceptionnel de l'hiver dernier pour recycler 20'000 m3 d'or blanc et attend désormais de voir ce qu'il en restera à la fin de l'automne.
Une piste de ski alpin à Adelboden
La station d'Adelboden, dans l'Oberland bernois, a inauguré jeudi la première piste de ski alpin du pays réalisée selon ce procédé. Au printemps dernier, plusieurs centaines de bénévoles ont amassé quelque 24'000 mètres cube de neige qu'ils ont recouvert de bâches pour qu'elle passe l'été. Malgré la canicule, les trois quarts n'ont pas fondu. Une piste de 500 mètres de long pour 60 de large a été inaugurée, avec l'idée de permettre aux juniors d'Adleboden de s'entraîner près de chez eux.
Une solution ponctuelle et locale
Mais cette solution reste cependant limitée, de l'avis de certains spécialistes. "D'avoir du stock de neige qui peut encore éventuellement être mobilisé, légèrement déplacé, étalé sur une piste pour couvrir certains points qui sont plus fragiles, c'est une méthode intéressante", relève ainsi le nivologue Robert Bolognesi. "Malheureusement, on ne peut pas imaginer recouvrir tout un domaine skiable et - arrivé le mois de décembre - tout recouvrir et recommencer le ski. Ce peut être une méthode tout à fait intéressante ponctuellement, localement."
Conséquences sur l'environnement
Le système permet de récupérer jusqu'à 50% de la neige conservée mais le "snow farming" n'est pas forcément plus écologique. "On met de côté une partie de l'eau, sous forme solide, qui ne revient plus dans le cycle hydrologique" relève Rafael Matos Wasem, professeur à la haute école de gestion et de tourisme en Valais. "Du coup, cela va poser des problèmes aussi au niveau de la quantité d'eau qui est charriée par les cours d'eau de montagne."
Le paysage est, lui aussi, impacté. "Ce sont des terrains qui ne sont plus dévolus à des pâturages, qui ne sont plus verts en été", poursuit Rafael Matos Wasem. "On se promène dans les régions de montagne et on est confronté tout à coup à des structures artificielles et complètement inesthétiques."
Et la simplicité apparente de la méthode n'enlève rien à son coût: la station autrichienne de Kitzbühel dépense par exemple 165'000 francs par saison dans cette "assurance neige".
Cynthia Racine/Alain Arnaud