Un avocat genevois et l'ancien responsable de l'agence de Morges de la régie Bernard Nicod sont sous enquête pénale à Genève pour avoir trafiqué des baux à loyer, révélait le 18 octobre le 19h30 de la RTS.
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Le Ministère public genevois les soupçonne d'avoir trompé des locataires d'un immeuble de Morges appartenant à la soeur de l'avocat genevois. Selon la justice, les deux prévenus ont menti aux locataires sur le loyer payé par le locataire précédent et ils ont ainsi pu augmenter les loyers de manière conséquente sans que les nouveaux locataires ne s'en rendent compte.
"Comme une bombe à retardement que j'essaie de contenir en moi"
Le 19h30 a contacté une dizaine de locataires lésés. Deux ont témoigné à visage découvert. Le premier s'appelle Alain. Il vit avec son épouse dans l'immeuble de la discorde depuis près de deux ans et demi. Il paie 1880 francs par mois pour un 50 mètres carrés. Quand il a emménagé, la régie lui a dit que l'ancien locataire payait 2080 francs par mois, soit 200 francs de plus.
L'enquête du 19h30 démontre que le document fourni par la régie à Alain est un faux. L'ancien locataire ne payait pas 2080 francs, mais 1180 francs. Alain paie donc 700 francs de plus que lui. La RTS le lui a appris. Le quadragénaire ne cache pas sa surprise. "Il y a comme une bombe à retardement que j'essaie de contenir en moi… C'est inadmissible… Avec ma femme, on n'est pas des gens fortunés. Tous les mois, on doit compter l'argent qu'on met de côté. Alors, cet argent-là, cet argent qu'on a payé en plus, on en aurait énormément besoin. Cela fait beaucoup d'argent donné à des gens qui ne sont pas corrects du tout", confie-t-il.
"On a été trompés"
Le 19h30 a rencontré un deuxième locataire lésé qui, lui aussi, vit toujours dans l'immeuble au coeur du scandale. Il s'agit de Thomas qui réside dans un appartement de 80 mètres carrés avec son frère. Il paie 2080 francs par mois. La régie lui avait assuré que l'ancien locataire payait un loyer identique. Ce n'est pas le cas. L'ancien résident versait 1300 francs par mois. Thomas ne le savait pas. "C'est une surprise… Mon frère et moi, on paie quelque 700 francs de plus que ce qu'on devait payer… On a été trompés", dit-il au 19h30.
Les locataires trompés seront peut-être bientôt indemnisés. Ils ont en effet tous reçu un courrier de l'avocat de la propriétaire, qui n'est pas mise en cause dans cette affaire. "Ma cliente n'est en aucune manière mêlée à ces agissements, et regrette sincèrement qu'ils aient pu avoir lieu, si tel est le cas", écrit Me Claude Aberle. Il ajoute que sa cliente "souhaite que, moyennant acceptation d'une indemnisation s'il y a lieu, vous renonciez à agir, tant au pénal qu'au civil".
Une indemnisation qui pourrait être conséquente
Pour Cesar Montalto, avocat et président de l'Asloca Vaud, l'indemnisation peut représenter des montants conséquents. "Les montants que vont pouvoir récupérer les locataires peuvent s'avérer particulièrement élevés, plusieurs milliers, plusieurs dizaines de milliers de francs. Plus ils auront passé de temps dans l'appartement en question, plus le gain, entre guillemets, peut s'avérer important."
L'avocat précise que les locataires lésés qui vivent toujours dans l'immeuble de Morges peuvent également demander une baisse de loyer. "On peut faire baisser le montant de son propre loyer plus bas que celui qui a été payé par le précédent locataire", explique Me Montalto.
Un message reçu cinq sur cinq par Alain et Thomas. Ils vont demander une indemnisation ainsi qu'une baisse de loyer.
Fabiano Citroni