Publié

Bilan mitigé pour les trottinettes électriques en libre-service à Zurich

C'est à Zurich que les e-trottinettes posent le plus de problèmes. [Keystone - Christian Beutler]
C'est à Zurich que les e-trottinettes posent le plus de problèmes. - [Keystone - Christian Beutler]
La ville de Zurich tire un bilan mitigé de l'arrivée de plusieurs sociétés de location de trottinettes électriques en libre-service au printemps dernier. L'offre pose des problèmes de sécurité et d'ordre sur la voie publique.

En Suisse, seules les villes de Zurich, Bâle, Winterthour et St-Gall ont donné, pour l'heure, leur feu vert à la location d'e-trottinettes proposées par des sociétés privées, par l'intermédiaire d'applications pour smartphone. Et c'est à Zurich que l'offre est la plus large avec un total de 2300 trottinettes électriques proposées par quatre opérateurs.

Corollaire: c'est dans cette ville que leur densité pose le plus de problèmes de sécurité et d'ordre dans l'espace public. Une trentaine d'accidents impliquant des trottinettes électriques y ont été recensés cette année, dont la quasi-totalité étaient causés par leurs utilisateurs. Au moins 28 d'entre eux ont été blessés, selon un premier bilan tiré début décembre par la ville.

Comportements interdits et dangereux

Un autre souci relevé est que les usagers circulent parfois sur les trottoirs ou en duo sur la même trottinette, des comportements interdits et dangereux. La police a infligé une septantaine d'amendes pour ce type de raison depuis le 1er août dernier, date d'entrée en vigueur de leur recensement.

La police municipale a diffusé entretemps deux vidéos de prévention. Des mesures particulières visant à faire respecter les règles de la circulation seront introduites à l'essai au printemps prochain.

Vidéo de prévention de la police municipale zurichoise:

Pas de concession pour les opérateurs

Le troisième impact négatif est mis en exergue par les plaintes de nombreux piétons face à la présence de trottinettes garées en plein trottoir. Aucun des quatre opérateurs ne dispose en effet d'une concession lui permettant d'installer un réseau de stations, mais ils doivent payer une taxe leur permettant d'exercer leur activité et s'en tenir à un nombre maximum d'exemplaires de location.

Les opérateurs ne reçoivent d'autorisation que s'ils assurent notamment un service quotidien de ramassage des trottinettes encombrantes. L'octroi d'autorisations et le paiement de la taxe permet d'empêcher que les trottinettes envahissent totalement l'espace public et place les opérateurs face à leurs responsabilités, observe le département municipal de la Sécurité.

Trottinettes jetées au lac

En revanche, ces mesures n'empêchent pas les actes de mauvaise humeur ou de vandalisme de certains. Depuis l'arrivée des opérateurs au printemps, une cinquantaine de trottinettes électriques ont été repêchées dans le lac, la Limmat et la rivière Sihl. Le même phénomène avait été constaté en 2017 lorsque les vélos de location en libre-service sans station se sont multipliés à Zurich.

Pas de projet en Suisse romande

En Suisse romande, la location d'e-trottinettes n'est pas d'actualité. Approchée par plusieurs opérateurs, la municipalité de Lausanne n'est pas entrée en matière et ce, pour des raisons de sécurité, d'occupation de l'espace public et de durabilité. A Genève, les autorités préfèrent mettre l'accent sur le vélo.

ats/oang

Publié

Pas d'invasion à Bâle

A Bâle, les autorités ont aussi défini des règles contraignantes pour les opérateurs et tirent un bilan moins préoccupant que leurs homologues de Zurich.

Le nombre de trottinettes mises en libre location dans la cité rhénane atteint toutefois moins du quart (600 unités) de la flotte zurichoise, pour une population atteignant pourtant la moitié de celle de la plus grande ville de Suisse.

Au chapitre positif, le département des transports de Bâle-Ville rappelle que les trottinettes sont silencieuses et ne produisent pas de gaz d'échappement.

Doutes sur l'aspect écologique

L'enthousiasme vert pour la trottinette électrique n'est pas partagé par tous les spécialistes.

Certains d'entre eux pointent du doigt les camionnettes servant à récupérer les trottinettes électriques pour les recharger, les déplacer ou les entretenir, sans parler de la durée de vie limitée des engins.

Au final, le bilan des émissions de CO2 des trottinettes "suisses" en libre-service seraient ainsi indirectement moins favorable que celui des transports publics ou de l'achat d'une trottinette personnelle. C'est le constat de Denis Bochatay, consultant de la société Quantis, conseillère en matière de bilans écologiques.

Pour les villes suisses, de petite taille à l'échelle internationale, il ne faut pas promouvoir les solutions électriques en libre-service, mais plutôt développer les transports publics et soutenir l'achat personnel de vélos ou de trottinettes, estime-t-il.