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Le Tessin s'attaque à son emblème cantonal, le palmier

Quand le palmier devient invasif au Tessin, le canton limite sa propagation
Quand le palmier devient invasif au Tessin, le canton limite sa propagation / 19h30 / 2 min. / le 31 mai 2020
Le canton du Tessin a lancé une lutte contre l'un de ses symboles: le palmier. L'espèce donne une touche exotique aux bords des lacs, mais elle envahit les forêts indigènes et pose des problèmes d'érosion et de biodiversité.

C'est l'une des cartes de visite du Tessin qui rafraîchit la balade au bord du lac et agrémente les balcons des hôtels: le palmier.

Mais le canton a décidé de s'attaquer à cet emblème cantonal, car certaines espèces, comme le palmier-chanvre, poussent partout comme une mauvaise herbe. On le retrouve notamment dans le bois de Sementina, près de Bellinzone, où il côtoie noisetiers et sapins.

Une touche d'exotisme

"Cela a commencé dans les années 50. Nous avons importé cette espèce car elle apportait une touche d'exotisme. Elle s'est trouvée bien chez nous. Les oiseaux mangent très volontiers les fruits et les dispersent dans les bois, dans les montagnes aussi", explique Mauro Togni, coordinateur du groupe de travail sur les organismes exotiques invasifs tessinois.

Un semencier (arbre femelle) de palmier-chanvre peut produire plus de 10'000 graines par an. Celles-ci tombent au pied de l'arbre et sont dispersées par gravité ou par les oiseaux qui les propagent sur de longues distances loin des agglomérations. Les graines germent ensuite en l'espace de 1 à 3 mois.

Forêts protectrices menacées

Aujourd'hui, de nombreux bois tessinois ont pris l'allure de jungles, au grand désarroi de Mauro Togni et de son équipe. Car le palmier menace la fonction protectrice des forêts: ses racines, très courtes, empêchent une stabilisation profonde du sol et augmentent les risques d'érosion.

En hiver, tandis que les autres arbres perdent leurs feuilles, le palmier profite du soleil et continue de grandir. "Peu à peu il va couvrir tout le terrain. Avec les semences qui vont tomber, de nouvelles plantes vont se former et cela va devenir une monoculture de palmiers. Donc le risque est de perdre complètement la biodiversité," souligne Mauro Togni.

La population appelée à agir

Pour empêcher cette propagation sans devoir arracher les arbres, le canton a trouvé une solution: couper les fleurs de palmier au printemps, avant qu'elles ne forment des fruits. La ville de Locarno a montré l'exemple cette année. De quoi ravir le spécialiste: "Si les villes commencent à montrer qu'il y a un problème, ce sera plus facile de faire passer le message à la population", espère-t-il.

Le Tessin appelle désormais ses habitants à faire de même dans leurs jardins privés. La lutte a véritablement commencé contre ce palmier si joli, mais si envahissant.

Valérie Gillioz/fme

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