"On a vite compris que les cas allaient augmenter au Tessin", dit Marco Chiesa
"La première image qui me vient en tête date du 25 février. C'était le premier cas de coronavirus au Tessin", se rappelle Marco Chiesa au micro de La Matinale. "On écoutait les nouvelles provenant de la Lombardie. On savait que cette région était 'rouge', qu'il y avait une quarantaine. On a vécu ce drame. On voyait aussi que le virus venait vers le Tessin et on a compris que les cas allaient augmenter à une vitesse extraordinaire en raison de la mobilité entre les deux régions", explique le sénateur qui est aussi directeur d'un établissement médico-social (EMS).
Car au Tessin, pas moins de 100'000 personnes traversent quotidiennement la frontière, selon Marco Chiesa. Une main-d'oeuvre nécessaire pour le canton latin, mais dont la gestion du flux a amené son lot de complexités durant la crise sanitaire. "En tant que directeur d'EMS, même si je n'emploie pas de travailleurs frontaliers, j'ai vécu ce problème. Avec mes collègues directeurs d'institutions, nous leur avons proposé de rester sur notre territoire pour limiter les mouvements en leur offrant des nuits dans des hôtels. On a quand même compris qu'il y avait une grande dépendance et cela nous a fait réfléchir."
"Il y a eu du retard, il faut le dire"
Le 27 septembre prochain, le peuple suisse devra voter sur l'initiative populaire "pour une immigration modérée", proposée par son parti, l'UDC, et qui souhaite mettre fin à la libre circulation des personnes. A ce propos, Marco Chiesa s'inscrit dans la nuance: "Je pense que l'on a besoin de main-d'oeuvre qualifiée que l'on n'a pas sur notre territoire. Nous devons avoir la possibilité d'embaucher. Je suis donc favorable à une immigration complémentaire, dans les secteurs où nous en avons besoin, mais pas à une immigration de substitution", développe-t-il.
Concernant la gestion de la crise du coronavirus par les autorités, le Luganais estime "qu'il y a eu un retard". "Nous sommes dans un système où la Confédération a pris les choses en main. Mais le fédéralisme aurait pu être respecté beaucoup plus. Au Tessin, nous demandions de tout de suite ralentir et fermer les frontières, prendre des mesures drastiques, sans quoi le problème aurait pu être dramatique par rapport à nos hôpitaux et notre système de santé".
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Jérémie Favre
"Les Etats? Une politique plus réfléchie"
Ancien conseiller national, Marco Chiesa a également été questionné sur son nouveau poste aux Etats. "Aux Etats, c'est le canton qui prime, au National le parti. C'est une façon différente de faire de la politique. C'est plus réfléchi et, contrairement à la Chambre du peuple, nous pouvons nous exprimer sur tous les thèmes", apprécie le Tessinois.