Dans les Grisons, la moitié des sangliers abattus sont radioactifs à cause de Tchernobyl
Trente-quatre ans après la catastrophe, les traces du césium-137, ces particules radioactives que l'on mesure en bécquerels par kilogramme, sont toujours présentes dans le sol de plusieurs régions de Suisse.
Le césium-137, qui avait été propulsé dans les airs, de l'Ukraine à la Suisse notamment, avait tout particulièrement touché le Tessin et les Grisons.
C'est pourquoi, depuis 2013, le service vétérinaire cantonal tessinois examine systématiquement tous les sangliers abattus sur le territoire. En 2015, l'une des 3 à 5% de bêtes chassées présentant un dépassement des valeurs limites fixées par l'OSCE avait même fait état d'un taux de radioactivité huit fois supérieur au seuil admis.
Du césium-137 dans le sol
Dans les Grisons, les taux et les animaux contaminés sont nettement supérieurs. Le contrôle systématique n'y a été mis en place que depuis cette année.
Le césium-137, avec le temps, migre dans les profondeurs du sol, où se trouve la truffe du cerf, un champignon qui n'est pas comestible pour les humains, mais dont les cochons sauvages raffolent. Le problème est donc saisonnier, lorsque l'hiver est froid et neigeux, les sangliers n'ont pas d'autre choix que de déterrer ces champignons souterrains plus profondément. C'est l'apparition de ce tubercule souterrain, véritable éponge à particules radioactives, qui a des effets sur le taux de césium-137 chez le sanglier.
Lorsque le seuil dépasse les 600 béquerels par kilogramme, l'animal ne peut être consommé. Les Grisons ont d'ailleurs prévu un dédommagement pour les chasseurs concernés. Si le problème se pose essentiellement en automne et en hiver, la durée de vie du césium 137 est relativement longue. Tous les 30 ans, cet isotope voit la moitié des noyaux radioactifs d'origine se désintégrer.
Des sangliers radioactifs probablement dans toute l'Europe
En France, en Allemagne et en République Tchèque également la chasse aux sangliers radioactifs est lancée. L'Allemagne reverse chaque année, près de 500'000 euros d'indemnités aux chasseurs qui ne peuvent ni vendre ni consommer leur gibier lorsque le taux dépasse 600 bécquerels par kg.
Or selon le ministère de l'Environnement allemand, la contamination moyenne d’un sanglier tué dans la forêt de Bavière, à la frontière de la République tchèque, est de 7000 becquerels par kilogramme.
Nicole della Pietra/lan/KB
Répartition actuelle des sangliers en Suisse
Après avoir été exterminé en Suisse, le sanglier est réapparu naturellement il y a une quarantaine d'années en provenance de France, d'Allemagne et d'Italie, il poursuit son expansion, et sa population continue d'augmenter.