S'inscrire dans une bibliothèque, se rendre à l'hôpital, ou encore dans une administration: des situations de la vie de tous les jours que les personnes sans papiers tendent à éviter, de peur qu'on leur demande leur carte d'identité.
Pour éliminer ces difficultés liées à leur statut, l'exécutif de la Ville de Zurich vient d'accepter l'idée de la "City Card". Ce concept de carte d'identité urbaine est une revendication de longue date du monde associatif zurichois.
Aux yeux de Cristina (prénom d’emprunt ), ressortissante d’un pays d’Amérique du Sud vivant à Zurich sans statut légal, ce projet est une bonne nouvelle. Dans la vie de tous les jours, "la peur est très présente", a-t-elle confié au 19h30 de la RTS lundi. "On ne sait jamais comment les gens vont réagir. Quand on voit la police, on a peur, parce qu'on ne sait pas si on va être contrôlé. La peur est tout le temps là".
"Une bien plus grande insécurité ici qu'en Suisse romande"
Environ 10'000 personnes sans papiers vivraient aujourd'hui à Zurich les difficultés de cette vie de clandestin au quotidien. C'est pour les aider et aussi leur donner une visibilité qu'une association de la ville a eu l'idée de proposer la City Card.
La militante associative Bea Schwager rêvait de voir sa ville mener une politique de régularisation des sans-papiers à l'instar de Genève et son opération Papyrus. Face au refus du canton, elle a vu dans cette carte, inspirée d'un projet new-yorkais, une solution de compromis dans un contexte alémanique où, explique-t-elle, la question reste très délicate: "Vis-à-vis des sans-papiers, le canton de Zurich a une politique très restrictive. Ils ressentent une bien plus grande insécurité ici qu'en Suisse romande. Ils ont davantage peur dans l'espace public. Tout est beaucoup plus difficile pour eux", constate-t-elle.
>> Lire à ce sujet : L'opération Papyrus a permis de régulariser 2390 sans-papiers à Genève
"Quasiment une façon de contourner l'Etat de droit"
Les modalités de la future City Card zurichoise doivent encore être débattues au Parlement de la ville. La minorité de droite, elle, ne soutiendra pas un projet qu'elle considère comme problématique à plus d'un titre.
"Cela revient à légitimer le travail au noir et l'exploitation des sans-papiers. Ce qui nous dérange aussi, bien sûr, c'est que cela va rendre les contrôles de police plus difficiles. C'est quasiment une façon de contourner l'Etat de droit", estime ainsi la conseillère communale PLR Mélissa Dufournet.
Malgré ces oppositions, la gauche, majoritaire à Zurich, a bon espoir de voir la City Card se concrétiser. D'autres villes, comme Berne, Fribourg en encore Lucerne, s'y intéressent également.
Sujet TV: Séverine Ambrus
Adaptation web: Vincent Cherpillod