Cette affaire a pour toile de fond un énorme scandale financier qui ébranle le Vatican depuis quelque temps: des investissements spéculatifs du Secrétariat d'Etat, soit la plus haute autorité de l'Etat du Vatican, effectués à Londres dans de l’immobilier de luxe. Et une partie du capital proviendrait du Denier de Saint-Pierre, une collecte annuelle qui a lieu le 29 juin et qui soutient l'action caritative du pape.
Des fonds caritatifs pour des résidences de luxe: en Italie, l’affaire a fait scandale, sans compter que des intermédiaires financiers se seraient considérablement enrichis, dépouillant au passage le Vatican de plusieurs dizaines de millions d’euros. Rien que les frais et les commissions versés se monteraient à près de 60 millions d'euros.
Deux liens avec la place financière tessinoise
La perte de ces 300 millions d'euros a deux liens avec la place financière tessinoise. Il y a d'abord 200 millions d’euros payés par le Vatican pour une participation dans la propriété londonienne. Un pactole qui a été transféré à partir de comptes helvétiques. Il est question du Credit Suisse, banque attitrée du Vatican, et de la Banca della Svizzera Italiana (BSI), absorbée entretemps par EFG International.
Le second a trait à un financier italien de Lugano, collaborateur du Credit Suisse jusqu'en 2014, qui a été gestionnaire de fortune pour le Vatican durant 27 ans. Il y a six ans, le septuagénaire fonde une société fiduciaire à Lugano.
Aujourd’hui, les enquêteurs italiens espèrent que les comptes des banques et de la fiduciaire - qui rejettent toute implication illicite - permettront de faire la lumière sur les transactions financières de Londres.
Feu vert du Tribunal pénal fédéral
Suite à un recours, une commission rogatoire avait été bloquée devant le Tribunal pénal fédéral (TPF), mais dans une décision qui vient d’être publiée par la Chambre des recours, le TPF vient de donner son feu vert à la justice italienne.
Nicole Della Pietra/jpr