Outre-Sarine, Jacqueline Badran est une véritable bête politique. Vice-présidente du PS suisse, conseillère nationale depuis 2011, c'est elle, entre autres, qui a fait échouer dans les urnes la troisième réforme des entreprises.
Mais la Zurichoise est aussi atypique. Les médias alémaniques la décrivent volontiers comme impulsive, très directe. Indestructible aussi, elle qui a échappé trois fois à la mort lors d'une noyade, d'une avalanche, puis du crash de l'avion Crossair en 2001.
Réaliser des choses rapidement
En avril, elle avait surpris son monde en indiquant qu'elle envisageait sérieusement de se porter candidate à la Municipalité de Zurich en 2022. Ce week-end, la socialiste a pourtant annoncé dans l'Aargauer Zeitung que c'était "le coeur lourd" qu'elle renonçait à se porter candidate.
"Après mûre réflexion, je suis arrivée à la conclusion qu'il faudrait passer beaucoup de temps au Conseil municipal de Zurich pour faire une différence concrète. En tant que conseillère nationale à Berne, après neuf ans d'expérience, je peux réaliser des choses plus rapidement. Et je ne veux pas non plus quitter mon entreprise", a indiqué celle qui est à la tête d'une société dans le domaine de l'informatique.
Un projet de média de gauche
Une partie de ses supporters est donc soulagée de savoir que la conseillère nationale socialiste restera à Berne. Mais la gauche zurichoise, elle, se désole. Ses fans avaient même déjà commencé une campagne d'affichage tape-à-l'oeil avec le slogan "Jacky4president".
A 60 ans, Jacqueline Badran a donc choisi son combat: ce sera Berne, mais ce n'est pas le seul. La politicienne socialiste a aussi annoncé dans cette interview qu'elle projetait de lancer sa propre plateforme d'informations de gauche: "Les médias suisses deviennent des monopoles et sont dans l'ensemble sur la ligne du PLR. Il faut un contrepoids".
Joëlle Cachin/aq