"Des bénédictions secrètes ne sont dignes ni d'un amour, ni de l'Eglise"
"Si nous disons que l'Eglise, dans son essence, doit être source de guérison pour les gens et la société, alors de tels signes sont justes et importants": c'est ainsi que Meinrad Furrer, interrogé dimanche dans l'émission Hautes Fréquences, justifie les bénédictions de couples homosexuels qu'il a célébrées lundi dernier.
L'agent pastoral se bat depuis des années pour que les droits des couples de même sexe soient reconnus au sein de l'Eglise catholique, en prônant une ample discussion en son sein. Il partage l'idée que l'Eglise a changé au fil des siècles, en s'adaptant aux innovations scientifiques et aux différents modes de vie. Et qu'elle le fera aussi au sujet des relations homosexuelles.
Deux visions contrastées des relations amoureuses
Cette position se heurte à celle défendue par la Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en mars dernier, s'était prononcée contre la bénédiction religieuse des couples de même sexe.
En invitant à accueillir les personnes homosexuelles au sein de communautés paroissiales, l'instance romaine chargée de promouvoir la doctrine de l'Église catholique avait en même temps réaffirmé que l'homosexualité ne faisait pas partie du plan de Dieu. Par conséquent, il ne pouvait pas bénir le péché. Une position que l'aumônier suisse alémanique juge ambiguë.
"Qualifier de péchés des relations qui sont vécues dans la responsabilité, le respect et l'attention mutuelles cause beaucoup de souffrance. Cette vision n'est pas compatible avec les valeurs chrétiennes fondamentales. Le problème ne devrait pas être la forme de la relation amoureuse, mais la manière dont elle est vécue", affirme Meinrad Furrer, pour qui la tradition chrétienne a beaucoup à offrir pour soutenir une vie relationnelle épanouie.
Une provocation?
En Suisse, les bénédictions célébrées à Zurich sont un cas isolé. Elles s'inséraient dans le projet #liebegewinnt (l'amour gagne) qui, le même jour, a permis à une centaine de paroisses allemandes d'organiser des célébrations analogues.
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"C'est la réaction à l'échelle européenne de la part des évêques, des théologiens, des prêtres et des croyants contre l'interdiction romaine qui a rendu possible cette vaste action coordonnée", s'en réjouit Meinrad Furrer.
Si plusieurs responsables de l'Eglise catholique du canton Zurich ont exprimé leur soutien à la démarche, l'évêque de Coire, Joseph Maria Bonnemain, a déclaré que les bénédictions n'étaient pas la bonne façon de réagir à l'interdiction formulée par Rome, classant l'une et l'autre comme des provocations.
"Mon action ne voulait pas être une provocation", a précisé l'aumônier zurichois. "Mais je pense que ce n'est pas une mauvaise chose qu'elle ait été perçue ainsi. Il s'agit de s'attaquer à ce sujet sans tarder. Le dialogue se poursuit depuis longtemps. L'heure est arrivée de passer à l'action!"
RTSreligion / Davide Pesenti