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Colère et manifestation à Lugano après la destruction d'un centre culturel

Le squat de Molino à Lugano après sa destruction en mai 2021. [Keystone - Samuel Golay]
La destruction d’un squat de Lugano enflamme le Tessin / Forum / 2 min. / le 5 juin 2021
Quelque 500 personnes ont manifesté samedi à Lugano pour protester contre la destruction du "Macello", un centre autogéré situé dans le quartier du Molino. Cette institution culturelle et de rencontre a été démolie il y a une semaine.

Si la police craignait des débordements, la manifestation s'est déroulée pacifiquement et de manière très festive, avec de nombreuses familles. Les agents étaient toutefois présents en nombre et la police tessinoise a même reçu des renforts venus d'autres cantons.

Cette manifestation fait suite aux événements qui se sont déroulés la semaine dernière à Lugano. En une nuit, des bulldozers ont détruit ce lieu autogéré, en place depuis une vingtaine d'années à la place d'anciens abattoirs. Auparavant, une centaine de manifestants qui étaient entrés dans le bâtiment en avaient été évacués par la police.

Une action qui a choqué

Si cet endroit et ses occupants n'étaient pas forcément soutenus par tous à Lugano, la manière de procéder a vraiment dérangé et a été vécue par beaucoup comme un acte de violence symbolique.

L'ancien procureur tessinois Paolo Bernasconi a ainsi déclaré, choqué: "Nous sommes un Etat de droit et non de pelleteuses." De leur côté, les autorités se sont défendues en affirmant que la police avait pris cette décision pour des raisons de sécurité, alors qu'une manifestation tournait mal.

Cette semaine, un climat hostile s'est installé à Lugano: le conseiller d'Etat de la Lega Norman Gobbi s'est vu menacer avec l'inscription "Gobbi morto" sur la place de la mairie et 300 manifestants se sont réunis devant la maison du syndic leghiste Marco Borradori.

Le centre autonome Molino à Lugano avait été détruit la semaine dernière. [Keystone - Ti-PRESS/Francesca Agosta]
Le centre autonome Molino à Lugano avait été détruit la semaine dernière. [Keystone - Ti-PRESS/Francesca Agosta]

Plainte des Verts, accusation d'Unia

Deux jours après les faits, les Verts ont aussi porté plainte auprès du parquet du canton, notamment pour délit contre la protection de l'environnement. Car de l'amiante a pu être relâchée dans l'air avec une telle destruction. Les autorités ont d'ailleurs voulu rassurer en indiquant que des premières analyses menées sur les débris et en marge du chantier ne révélaient pas de traces d'amiante ou d'autres polluants.

Du côté du Grand Conseil, la gauche a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire à ce sujet.

Et le syndicat Unia est arrivé avec une nouvelle information brûlante mercredi, qui contredit la ligne de défense des autorités: il a démontré preuve à l'appui que l'une des trois entreprises chargées de démolir le bâtiment a reçu un ordre d'intervention un bon moment avant que la manifestation ne tourne mal. Pour l'heure, la police luganaise dément fermement.

>> Lire aussi : Centre autonome évacué par la police à Lugano samedi soir

ds/boi

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