Des activistes du climat ont bloqué des locaux d'UBS et Credit Suisse à Zurich
L'intervention s'est terminée peu après 13h30, a indiqué la police municipale zurichoise lundi soir. Soixante-quatre personnes seront dénoncées au Ministère public et 19 à la justice des mineurs. Les personnes arrêtées sont 47 femmes et 36 hommes.
Parmis ces arrestations, dix personnes étaient encore en détention mardi après-midi. Le Ministère public part du principe que tout le monde sera libéré dans le courant de la journée, car il n'y aura aucune demande de mise en détention préventive. Après une arrestation, la police dispose de 24 heures pour mener les enquêtes et les interrogatoires et décider d'une libération ou d'une dénonciation au Ministère public.
"Grande responsabilité dans la crise climatique"
Le mouvement pour le climat dénonce les investissements massifs des institutions financières suisses dans le pétrole, le gaz et le charbon, a-t-il annoncé. Les activistes ont mis en place des blocus à l'aide de plusieurs équipements lourds tels que des trépieds et des barils.
A ses yeux, les institutions financières suisses portent une grande responsabilité dans les conséquences de la crise climatique mondiale. Dans le même temps, des gens ailleurs meurent à cause de la crise climatique, souligne encore le mouvement. Il estime que si ces instituts cessent d'investir dans les combustibles fossiles, les objectifs climatiques internationalement reconnus seront réalisables.
Evacuation rapide
Les opérations d'évacuation n'ont pas tardé. Peu après 8h du matin, la police zurichoise a commencé par mener des contrôles d'identité, avant de démarrer une évacuation de force vers 8h30 de militants qui s'étaient enchaînés devant l'entrée de la banque UBS, ont annoncé ces derniers sur leurs réseaux sociaux.
Les activistes n'ont pas opposé de résistance. Vers 10 heures, l'entrée du bâtiment était dégagée. À midi, la police avait évacué le plus gros de la mobilisation, et a annoncé dans un communiqué qu'elle avait arrêté une trentaine de manifestants et manifestantes. Une partie du mouvement s'est alors déplacée vers la célèbre Bahnhofstrasse, ce qui a entraîné la fermeture temporaire de certaines lignes de tram.
Il y a une semaine, les militants de "Rise Up For Change" avaient présenté sur la Paradeplatz leurs revendications dans une lettre ouverte adressée à Credit Suisse, et plus largement à l'ensemble de la place financière.
Fin juin, le groupe Extinction Rebellion avait pour sa part lancé un avertissement sous la forme d'un ultimatum, menaçant de "paralyser" la ville de Zurich si le Conseil fédéral n'agit pas immédiatement pour le climat.
Mobilisation globale
Cette mobilisation s'inscrit dans un large mouvement de désobéissance civile, qui a donné lieu à des suites judiciaires et des verdicts parfois retentissants, notamment en Suisse romande.
Et sur le fond, au niveau politique, les militants et militantes pour le climat avaient déjà dénoncé une absence de mesures fortes sur la place financière dans le cadre de la loi CO2, refusée il y a deux mois en votation.
ats/jop avec Julien Bangerter
"Les banques agissent déjà pour le climat"
Appelé mardi à réagir dans le journal de 12h30, Alexandre Roch, représentant romand de l'Association Suisse des Banquiers (ASB) et spécialiste en finance durable, estime que les banques sont injustement ciblées, car elles sont "déjà très actives afin d'être davantage durables et pour accompagner la transition", soulignant un "levier important à travers les activités de conseil".
"L'économie financière est le reflet de l'économie réelle, et à ce titre-là, on peut pas se contenter de pointer du doigt uniquement cette activité", poursuit-il. En outre, il estime qu'il vaut mieux que les banques suisses restent investies actuellement dans des activités qui détruisent le climat, pour "participer à diminuer l'impact de ces activités, plutôt que de laisser l'investissement à d'autres acteurs".
Alexandre Roch concède cependant qu'une "plus grande transparence est tout à fait souhaitable", principalement sur les activités non financières, et également sur les risques financiers liés au climat. Il note que "l'urgence climatique a déjà commencé", et qu'il est "important d'être pro-actif".