Au cœur des vallées encaissées du canton d'Uri, suspendu dans le vide, le compositeur Michel Roth fait vibrer les téléphériques. "Je suis en train de créer une archive sonore (…). La plupart des enregistrements se font avec un microphone de contact. C'est-à-dire que j'enregistre vraiment ce qui se passe à l'intérieur des parties métalliques de ces énormes câbles et de ces cabines", décrit-il lundi dans le 19h30.
Depuis une année, le professeur à l'Académie de musique de la Haute École de Bâle a déjà "joué" sur une trentaine de petites remontées mécaniques, typiques du canton d'Uri. "Très rythmique, beaucoup de vibrations très fortes, explique Michel Roth. Ce qui est aussi frappant, c'est que parfois le câble entre dans une vibration harmonique très profonde et cela sonne presque comme une voix humaine."
Sensibiliser le public
Si le musicologue explore de nouveaux univers sonores - ce qui plaît à ses étudiants - il souhaite aussi attirer l'attention du public sur la menace de disparition qui pèse sur ces installations.
L'enregistrement de ces sons fait en effet partie d'un projet de l'Institut de recherche "Cultures des Alpes" d'Altdorf. Et avec des photos, des textes et des sons, l'Institut se penche sur l'importance des téléphériques. Dans le canton d'Uri, une quarantaine sont encore en service, principalement utilisés par les paysans de montagne.
Une symphonie commandée
Michel Roth "joue" actuellement sur une télécabine uranaise au festival de musique contemporaine ZeitRäume, à Bâle. "Je n'aurais jamais pensé qu'on puisse faire un concert avec une télécabine. Normalement, on s'assoit dans la cabine pour aller à la montage", explique l'une des spectactrices.
Le compositeur suisse a déjà reçu une commande de la radio publique allemande pour une symphonie... pour téléphériques.
Andrea Meier et Julien Guillaume avec vajo