En ce matin du 24 octobre 2001 vers 9h30, un chauffeur de camion ivre perd la maîtrise de son véhicule un kilomètre après être entré dans le Gothard et heurte à 40 km/h le mur de la galerie avant d'être déporté sur la chaussée opposée. Il frappe alors un autre poids lourd.
Sous le choc, un réservoir de carburant éclate et du diesel se répand sur la chaussée. Un court-circuit sur un câble électrique provoque une étincelle et un gigantesque brasier, piégeant plusieurs automobilistes dans le tube. La chaleur dans le tunnel atteint rapidement 1200 degrés et les secours ne peuvent atteindre le coeur du sinistre que deux jours plus tard, car la galerie menace de s'effondrer.
Au final, le bilan est très lourd: onze morts, dix personnes mortellement intoxiquées par la fumée et une carbonisée. Au total, une centaine de voitures et une quinzaine de poids lourds ont été abandonnés par leurs occupants.
"Un véritable enfer"
"C'est un véritable enfer", avait à l'époque déclaré le président de la Confédération Moritz Leuenberger venu sur place le lendemain de l'accident. Selon lui, cet accident constituait une tragédie pour toute l'Europe. Le tunnel de 17 kilomètres a ensuite été fermé à la circulation durant deux mois, avec d'importantes répercussions économiques et l'isolement partiel du Tessin durant cette période. Sa réparation a coûté 14 millions de francs.
Le drame a choqué et bouleversé toute la Suisse et le traumatisme reste vivant aux entrées du tunnel. Une cérémonie commémorative s’est d'ailleurs déroulée dimanche matin à Airolo, au Tessin. Elle a rassemblé une nombreuse foule, dont des proches des disparus, devant la plaque qui porte les noms des onze victimes de l'incendie.
En 20 ans, des progrès ont été accomplis en matière de sécurité routière, s'est réjoui le conseiller d'Etat Norman Gobbi, directeur du département tessinois des institutions. Il a conclu par ces mots: " Il est de notre devoir moral de rappeler ce drame qui n'aurait pas eu lieu si le camionneur n'avait pas été ivre".
C'est sous la forme d'un tweet d'Ignazio Cassis que les autorités fédérales se sont exprimées dimanche: "Je n'oublierai jamais ces terribles images d'il y a vingt ans, lorsque le feu et les flammes ont envahi le tunnel du Gothard. En ce triste anniversaire, mes pensées vont vers ceux qui ont été touchés par cette tragédie", a déclaré le Tessinois.
Un deuxième tube
Ce tube routier n'était pas considéré comme dangereux, mais sa sécurité a été ensuite complètement revue. Le tube disposait d'abris, d'un tunnel de sécurité ventilé et d'un contrôle du trafic. Mais l'enquête a démontré que le système de ventilation avait attisé l'incendie et propagé les flammes. Les tunnels de plus de 600 mètres ont été examinés dans tout le pays et de nouvelles normes sont entrées en vigueur. On a changé les systèmes de ventilation, les éclairages et le balisage des issues de secours.
Ce drame a aussi relancé les discussions sur la sécurité du transport de marchandises sur des axes routiers qui traversent des tunnels à unique galerie bidirectionnelle. Des voix se sont élevées pour demander le percement d'un deuxième tube routier au Gothard.
En février 2016, le peuple suisse a accepté la construction du second tube. Les travaux ont débuté par un dynamitage symbolique le 29 septembre dernier. Les tunneliers entreront en action en principe en 2024. Le nouveau tube devrait être inauguré à la fin de 2029.
Une fois le deuxième tube terminé, le premier, inauguré en 1980, sera fermé et assaini pendant trois ans. Après ces travaux, chaque tube comprendra une piste unidirectionnelle.
boi avec gk et ats