Les cantons alémaniques engagent des "Väterberater", des conseillers pour les pères
L'objectif du "Väterberater" est de conseiller les pères ou ceux qui sont sur le point de le devenir. Ce professionnel de la santé le fait gratuitement par téléphone, autour d'un café ou même en balade.
"J'ai rencontré un père qui se sentait mis à l'écart après la naissance de son fils et qui voulait avoir plus de responsabilités", décrit Daniel Bünter, "Väterberater" du canton de Zurich depuis octobre dernier, mercredi dans La Matinale.
Et de donner d'autres exemples: "Un autre se posait des questions sur sa relation de couple, qui s'est transformée après l'accouchement. J'ai aussi reçu un père célibataire surmené par le travail et l'éducation de son enfant... Les préoccupations sont diverses et peuvent vraiment varier d'un père à l'autre."
Effet d'identification
L'offre de conseil s'appuie sur des "Väterberater" qui sont eux-mêmes des pères. À Zurich, par exemple, les services sociaux se sont rendus compte que leur offre de conseil familial était non seulement gérée uniquement par des conseillères, mais qu'en plus, elle n'était quasiment utilisée que par des femmes.
Alors, pour essayer de faire venir les hommes, ils testent cette nouvelle formule. "J'ai pris contact avec Daniel Bünter, parce que ma fille qui arrive à l'âge de 6 ans est dans la phase des 'pourquoi', explique Steve, un père romand établi à Zurich.
Et d'ajouter: "Le fait de pouvoir parler à un homme d'un problème qui touche un homme fait faire le pas relativement simplement." Un autre papa a confié à la RTS que c'était dur pour lui de demander de l'aide. Rencontrer un autre père était plus facile que de toquer à la porte d'un psychologue, selon lui.
Pas d'offre en Suisse romande
Cette offre de conseil n'existe pas encore en Suisse romande. S'il y a quelques projets gérés par l'Association MenCare comme des rencontres entre pères dans les maternités, la parentalité reste encore largement féminisée. Une vision dépassée selon Gilles Crettenand, responsable de MenCare en Suisse romande,
"La réalité, c'est qu'on a aujourd'hui de plus en plus de pères qui s'occupent de leurs enfants. Et ensuite, on a des familles divorcées ou séparées, estime-t-il. On a une réalité et des besoins qui ont beaucoup évolué. Les nouvelles générations de pères ont des exigences, notamment celle d'avoir une vraie relation interpersonnelle entre l'enfant et eux. Cette exigence se traduit par des compétences nouvelles, qui nécessitent parfois des conseils."
Les conseils aux pères séduisent. À Berne, un millier de consultations de père ont été enregistrées en 2021, dont 187 auprès de Remo Ryser, le "Väterberater". Le canton prévoit même d'engager prochainement un Romand pour élargir l'offre aux francophones.
Joëlle Cachin/vajo