Bâle craint un afflux de Russes dans son cimetière à l'occasion du 9 mai

Le Hörnli de Riehen, dans le demi-canton de Bâle-Ville, est le plus grand cimetière du pays avec une superficie de 54 hectares. Il abrite la seule tombe en Suisse de soldats soviétiques morts pendant la Deuxième Guerre mondiale. Celle-ci contient les dépouilles de quatre prisonniers qui avaient tenté d'échapper à l'Allemagne nazie et avaient été abattus au cours de leur fuite.

Le Tages Anzeiger l'a rappelé cette semaine: sur le monument funéraire figurent une étoile et la phrase "Tués dans la lutte contre le fascisme". Plusieurs centaines de Russes, de toute la Suisse mais aussi des pays voisins, s'y retrouvent chaque année le 9 mai pour prier et se recueillir.

Les partisans russes ne sont plus les bienvenus

Mais cette année, les autorités de la ville imaginent, voire espèrent, qu'il y aura moins de monde. D'une part, Bâle s'est très vite montrée solidaire de l'Ukraine après l'attaque russe. Le drapeau jaune et bleu de ce pays a été accroché sur le devant de l'Hôtel de ville le jour où la guerre a éclaté. Cela signifie qu'un déploiement de partisans russes de ce conflit n'est aujourd'hui pas le bienvenu.

D'autre part, les autorités de ce demi-canton craignent des problèmes de sécurité et pourraient même interdire un rassemblement dans le cimetière.

Marco Greiner, porte-parole du gouvernement bâlois, a indiqué au Tages Anzeiger vouloir garder un risque de dérapage aussi bas que possible et n'a fait aucun commentaire quant à une interdiction pure et simple d'une célébration au Hörnli, car des pourparlers seraient en cours avec l'ambassade de Russie et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Manifestations pro-Poutine en Allemagne

En fait, la région frontalière n'a pas envie de connaître les mêmes débordements qu'en Allemagne où, en avril, des défilés de sympathisants de Vladimir Poutine ont pavané dans plusieurs villes.

Quelque 400 voitures en file indienne sont par exemple venues parader à Berlin non loin de la gare centrale où débarquaient des Ukrainiens. A Lübeck, dans le nord, un convoi affichait son "soutien à la guerre russe".

Plus de célébration commune

Pendant longtemps, les Russes et les Ukrainiens ont commémoré ensemble la fin du nazisme et les morts à la guerre, y compris dans le cimetière bâlois. Mais c'est de l'histoire révolue depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014.

Des photos de Russes morts en Ukraine ces deux derniers mois pourraient même être montrées lors des manifestations du 9 mai à Moscou pour illustrer la lutte contre le nazisme qui serait, selon le Kremlin et sa propagande, toujours d'actualité.

RTSreligion/Gabrielle Desarzens/oang