Les arrestations ont eu lieu mardi à l'issue d'une enquête de grande envergure. Pas moins de 14 perquisitions dans 5 cantons différents (Berne, Argovie, Bâle, Lucerne et Nidwald) ont été effectuées sous la direction du Ministère public cantonal chargé des tâches spéciales, a indiqué vendredi la police cantonale bernoise.
Les cinq personnes arrêtées sont âgées de 27 à 50 ans. La police a pu identifier six victimes, mais estime que leur nombre est bien plus élevé. Le réseau déployait ses activités criminelles sur plusieurs cantons.
Selon le journal Berner Zeitung, les victimes devaient faire du racolage, notamment dans des logements AirBnB de l'agglomération bernoise. Six d'entre elles ont été identifiées. La police ne donne pas d'ordre d'idée sur leur nombre total, mais elles seraient bien plus nombreuses.
Personnes déjà précarisées dans leur pays
La police soupçonne également des infractions à la loi sur les étrangers, certaines femmes étant en Suisse illégalement. Toujours selon la Berner Zeitung, l'une des astuces que les recruteurs utilisent parfois pour donner un semblant de régularité au statut des personnes qu'ils font venir en Suisse est de les inscrire dans des écoles.
Selon l'avocate spécialisée dans l'aide aux victimes de traite Leïla Boussemacer, qui travaille au CSP à Genève, cette pratique est toutefois peu habituelle. "Je ne crois pas avoir vu beaucoup de situations qui passent par l'obtention de visas étudiants", a-t-elle indiqué samedi dans le 12h30 de la RTS.
Selon Leïla Boussemacer, il n'y a pas de mode opératoire spécifique dans les cas de traite d'êtres humains, mais il arrive souvent que les auteurs fassent pression avec des dettes. "C'est quelque chose qui est très fréquent de prendre des personnes qui sont déjà dans une situation précaire. Une fois enrôlées, on leur annonce des dettes mirobolantes à rembourser. C'est un moyen de contrainte".
La pointe de l'iceberg
La police cantonale bernoise poursuit les investigations. Leïla Boussemacer espère qu'une affaire comme celle-ci permettra de démontrer l'ampleur du phénomène en Suisse et de venir en aide à d'autres victimes potentielles. "On a toujours tendance à penser que c'est très rare. Là, force est de constater qu'en fait, c'est bien présent en Suisse. Ca ne concerne pas une personne isolée", souligne l'avocate.
Les organisations d'aide assistent plus de 250 victimes chaque année en Suisse, mais ce ne serait que la pointe de l'iceberg.
Sujet radio: Célia Bertholet
Adaptation web: Vincent Cherpillod