Tout au long de l'hiver, le palmier chanvre (ou Trachycarpus fortunei) a maintenu sa photosynthèse et son activité de développement, tandis que les arbres à feuilles caduques faisaient une pause. Grâce à son avantage concurrentiel, cette plante à feuillage persistant originaire d'Asie se propage massivement dans les zones de basse altitude en Suisse méridionale, a indiqué mardi l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans un communiqué.
Ces palmiers plantés dans les jardins au cours des 50 dernières années se sont fortement multipliés et évincent par endroits les espèces végétales indigènes. Dans le cadre du programme-pilote de la Confédération Adaptations au changement climatique, des scientifiques du WSL ont étudié la flore et la faune sur dix sites forestiers à forte densité de palmiers ou sans palmiers.
Modification des forêts
Les résultats de l'étude ont montré que les sites riches en palmiers ne contenaient pas moins d'invertébrés, mais beaucoup moins d'espèces végétales.
En outre, les palmiers chanvres affaiblissent la fonction protectrice des forêts contre les dangers naturels: leur système racinaire ne renforce que peu le sol, un peuplement pur de palmiers ne serait donc pas approprié comme forêt protectrice.
Cela importe peu dans les forêts mixtes. Dans les endroits escarpés et rocheux où peu d'autres arbres poussent, les palmiers chanvres peuvent même protéger des chutes de pierres. En revanche, comme ils accumulent beaucoup de feuilles mortes, les scientifiques estiment qu'un risque accru d'incendie de forêt est probable.
Le palmier chanvre reste actuellement confiné aux forêts de basse altitude (au-dessous de 900 mètres). Mais à l'avenir, il pourrait aussi coloniser des altitudes un peu plus élevées.
Un symbole du Tessin
Les scientifiques du WSL estiment qu'il continuera à se disséminer fortement à proximité des habitations. En revanche, ils ne s'attendent qu'à une propagation lente dans les forêts éloignées des zones habitées. La production de graines du palmier chanvre étant réduite dans les forêts ombragées, il est peu probable d'y trouver des peuplements étendus et denses.
En plus des études sur le terrain et en laboratoire, les scientifiques ont réalisé un sondage dans toute la Suisse sur la perception du palmier chanvre par la population. Au total, 59% des 2000 personnes qui y ont répondu perçoivent le palmier chanvre de manière positive et 54% le voient comme un symbole du Tessin.
Alors que les interdictions ne recueilleraient que peu de suffrages, les recommandations visant à limiter la propagation du palmier (éliminer les fleurs et les fruits, détruire les plantes retournées à l'état sauvage, planter des espèces de palmiers non envahissantes) sont tout à fait approuvées, selon ces travaux publiés dans la revue Environmental Management.
ats/iar
Méthode de lutte ciblée pour limiter les peuplements de palmiers
Pour les scientifiques, il est indispensable de limiter les peuplements de palmiers, même si leur élimination complète des forêts est irréaliste. Ils recommandent leur destruction dans certains sites précieux d'un point de vue écologique (par exemple les forêts alluviales) et, le cas échéant, d'éclaircir les colonies de palmiers dans les forêts protectrices.
Pour éliminer les palmiers chanvres sauvages, le WSL a mis au point et testé une méthode efficace. Une coupe au ras du sol à l'aide d'une tronçonneuse permet de se débarrasser des palmiers adultes.
Le cœur du palmier encore présent dans le sol doit ensuite être détruit à l'aide d'une perceuse pour éviter que les jeunes palmiers ne repoussent. Le canton du Tessin recommande désormais officiellement cette méthode.