L'évacuation du village a débuté mercredi. Ses 85 habitants doivent quitter leurs maisons d'ici à vendredi soir, 18h00, en raison du danger d'éboulement. Les habitants ne pourront probablement pas retourner chez eux durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, selon les autorités.
Daniel Albertin, le président de la commune d'Albula/Alvra, a le cœur serré. "On est conscients que vous prenez cette décision avec beaucoup d'émotion", a-t-il dit devant ses concitoyens et concitoyennes à l'annonce de l'évacuation. "Mais nous, autorités, devons la prendre", a-t-il ajouté.
"Quand on a grandi à Brienz, qu'on y habite, qu'on y a son existence, c'est l'identité, c'est la patrie... Et quand on doit la quitter, même pour une courte période, avec cette incertitude... Quand est-ce que je peux revenir? Est-ce que je peux revenir? C'est pesant", confie-t-il à la RTS.
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Certains villageois prennent l'évacuation avec philosophie. "J'espère que la montagne descende vite, pour qu'on puisse revenir", déclare une habitante. "Je vais aller vivre dans mon mayen, durant l'évacuation, comme tous les étés", indique de son côté un homme. Les autorités vont offrir une chambre d'hôtel aux habitants qui n'ont pas encore trouvé de logement provisoire.
Pilonner la montagne?
La communauté est impuissante face à sa montagne. Mardi soir, certains ont bien proposé de tirer à l'artillerie lourde sur la falaise pour neutraliser la menace. Mais en vain.
"Pour une fois, ce serait une application civile utile de l'artillerie. Mais cela serait inutile face à une telle masse de roche. Cela ne soulèverait que quelques cailloux", explique l'ingénieur Stefan Schneider sur place.
A Brienz, beaucoup d'habitants ont déjà fait leurs valises. Tous espèrent que l'éboulement se produise rapidement et qu'il ne ravage pas leurs maisons.
Au-dessus du village, d'innombrables morceaux de roche de la taille de cabanes de jardin sont dispersés sur un pré. Toutes les dix minutes, des pierres et des petits blocs de roche dévalent la montagne.
Scénario à dégâts limités privilégié
Au total, deux millions de mètres cubes de roche menacent de s'effondrer à partir de la semaine prochaine jusqu'au début du mois de juin. L'ampleur des dégâts possibles dépend du scénario exact de la catastrophe naturelle à venir.
L'hypothèse la plus probable prévoit des éboulements à répétition de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de roche. Ce serait la moins dangereuse pour le village.
Moins probable: la descente progressive et fluide de gravats, susceptibles d'atteindre la localité et de l'endommager. L'hypothèse la moins probable consiste en un éboulement massif, rapide et d'une large étendue, de plus de 500'000 mètres cubes de roche, aux conséquences dévastatrices.
Quatre systèmes de surveillance livrent des données en permanence sur les parois rocheuses qui menacent de s'effondrer. Si la catastrophe se produit plus tôt que prévu, une sirène incitera les habitants à s'enfuir en quelques minutes.
Julien Guillaume/ami