"Il n'y a plus personne dans le village", a confirmé vers 19h30 le responsable de la communication de la commune d'Albula - dont fait partie Brienz - Christian Gartmann.
La "zone de danger rouge" a été décrétée et valait dès 18h00. Cela signifie que plus personne ne peut entrer sur l'ensemble du territoire du village. Six barrages routiers ont été érigés, et la zone est surveillée électroniquement.
Un logement a été trouvé pour les 84 habitants de Brienz. Plus de 130 logements ont été proposés à la commune. "Nous avons sélectionné les offres les plus appropriées et avons servi d'intermédiaire entre les parties", a précisé Christian Gartmann.
Peu avant l'éboulement, la ligne ferroviaire de l'Albula des Chemins de fer rhétiques sera fermée. La route cantonale dans la vallée sera aussi interdite à la circulation.
Pas de survol non plus
La zone est aussi interdite de survol. Les autorités craignent l'effondrement de 2 millions de mètres cube de roches dans les quatre à quatorze prochains jours.
La zone d'exlusion aérienne s'étend jusqu'à une altitude de 3500 mètres et à un rayon d'environ 3,5 kilomètres autour du village. L'interdiction de survol s'applique également aux drones.
"J'ai vécu tellement de bons moments ici"
A quelques heures de l'échéance, le coeur était lourd parmi les derniers villageois encore présents, les anciens habitants et les amoureux de ce petit coin de montagne. Tous espèrent pouvoir revenir très vite, à l'image d'Anna Bergamin, native de Brienz.
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Cette dernière est venue de la vallée pour voir, une dernière fois, le village de son enfance que la montagne risque bientôt d'engloutir. "Brienz, c’est toujours ma patrie. J'ai vécu tellement de bons moments ici, durant mon enfance. Tout ce que j'ai vécu ici, c'est très beau. Tout cela me revient en mémoire", raconte-t-elle, les larmes aux yeux, au micro du 12h45.
Pendant ce temps, au-dessus de Brienz, les chutes de pierres sont devenues incessantes, annonçant l'éboulement imminent.
Village fantôme
Jeudi soir, dans le village, beaucoup vivaient leur dernier repas avant l'évacuation. La famille Liesch, par exemple, a tenu à attendre le dernier moment pour partir. Autour de la table, c'est un sentiment étrange qui régnait, celui de devoir abandonner sa maison peut-être pour toujours. "Tout le village, c'était comme une grande famille. Maintenant, on est tous séparés dans des endroits différents", déplorait Marcellina, la mère de famille.
Depuis l’annonce de l'évacuation, mardi, beaucoup d’habitants sont déjà partis, donnant à Brienz des allures de village fantôme. Tous espèrent que l'éboulement n’emportera pas leur petite patrie.
Julien Guillaume/fgn/agences