Plus d'une cinquantaine de personnes auraient participé à la rixe qui opposaient des Erythréens anti et pro-gouvernement au Glattpark, en banlieue zurichoise. Deux hélicoptères de la police ont atterri dans le parc et une douzaine de voitures se sont rendues sur place.
Divers secouristes ont été mobilisés. En outre, deux hélicoptères de secours étaient prêts à intervenir en cas d'urgence.
La police a réussi à séparer les groupes et à disperser le rassemblement. Sept personnes ont été grièvement blessées et cinq légèrement, selon le porte-parole de la police.
Festival culturel érythéen à Saint-Gall
Les personnes impliquées dans les affrontements étaient des participants et des opposants à un festival en faveur du pouvoir érythréen qui devait avoir samedi lieu à Oberuzwil, dans le canton de Saint-Gall.
Face à la menace des opposants qui convergeaient vers les lieux depuis toute la Suisse, ainsi que les dernières actualités en provenance d'Israël (voir encadré), ce festival a finalement été annulé à la dernière minute par les organisateurs en raison des craintes d'excès de violence.
Selon le porte-parole de la police, une partie des participants s'est alors déplacée à Opfikon. Le journal St.Galler Taggblatt a évoqué des rumeurs concernant un autre festival organisé à Zurich.
Propagande du pouvoir
Un groupe de partisans du dictateur érythréen Isaias Afewerki s'est bel et bien heurté à un groupe d'opposants, a confirmé dimanche Okbaan Tesfamariam, porte-parole de la Fédération des médias érythréens de Suisse, à Keystone-ATS.
C'est dans ce contexte que des centaines d'opposants ont affronté des partisans du régime ultra-autoritaire de Isaias Afewerki, ainsi que les forces de l'ordre. L'affrontement a été violent, et une douzaine de personnes ont dû être transportées à l'hôpital.
Lors de l'affrontement, il était sur place pour observer la situation et la désamorcer, a expliqué Okbaan Tesfamariam.
Selon cet activiste, ces fêtes sont des manifestations de propagande du pouvoir érythréen. Des fêtes culturelles érythréennes similaires ont déjà eu lieu par le passé, y compris en Suisse, mais les tensions se sont récemment accrues. Une fête de ce type aurait également dû avoir lieu ce week-end à Rüfenacht, en banlieue de Berne, mais elle a aussi été annulée pour des raisons de sécurité.
lan/jop
Collectes d'argent pro-régime
Les violences entre Erythréens se multiplient en Europe. Des émeutes ont également éclaté en Norvège et en Israël. "La situation n'est pas nouvelle", a souligné Okbaan Tesfamaria. Le conflit entre les opposants et les partisans du régime est latent depuis des décennies. Après une guerre d'indépendance sanglante, le pays s'était séparé de l'Éthiopie en 1993, sans que l'indépendance ne soit reconnue par cet Etat.
Peu après, Isaias Afewerki a pris le pouvoir et a transformé le pays en l'une des dictatures les plus brutales du continent, selon Amnesty International. Le conflit entre les partisans et les opposants du dictateur se manifeste également au sein de la diaspora, a expliqué le porte-parole de la Fédération des médias érythréens de Suisse.
Plusieurs dizaines de milliers d'Erythréens vivent en Suisse. Certains d'entre eux ont cherché à l'époque à fuir la guerre civile pour l'indépendance de leur pays. Certains soutiennent encore aujourd'hui le gouvernement érythréen. D'autres ont fui ces dernières années le pays à cause de la dictature ou du système strict de service militaire à vie et de travail forcé.
La multiplication des violences est la conséquence du foisonnement des tournées de propagande, a estimé Okbaan Tesfamariam. Selon lui, la dictature collecte de l'argent lors de ces événements, et de nombreux Erythréens en exil se sentent sous pression. Ils demandent donc que de tels festivals soient interdits.
C'est ce qui s'est passé aux Pays-Bas : le pays a interdit un événement cet été. Les autorités craignaient des appels à la violence et ont fait valoir des problèmes de sécurité.
Des blessés par balles en Israël
Des centaines d'Erythréens hostiles au gouvernement de leur pays se sont rassemblés samedi à Tel-Aviv, en Israël, à l'extérieur d'une salle qui devait accueillir un événement pro-régime organisé par l'ambassade d'Erythrée. La police israélienne a ouvert le feu à balle réelle, blessant une douzaine de demandeurs d'asile érythréens.
La police israélienne a déclaré le rassemblement illégal et ordonné l'évacuation des lieux. Mais des manifestants ont "lancé des pierres et des planches de bois" sur les policiers, et certains d'entre eux ont vandalisé des magasins dans le quartier, a indiqué la police, qui indique avoir déployé dans un premier temps des renforts et fait usage de moyens de dispersion antiémeute.