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Des passionnés veulent remonter un vapeur coulé il y a 100 ans dans le lac de Constance

Le Säntis à Lindau (D). [CC BY-SA 4.0]
Presque 100 ans après avoir été coulé, le Säntis pourrait être renfloué par une équipe de passionnés / Couleurs locales / 3 min. / le 5 octobre 2023
Au fond du lac de Constance, à quelque 200 mètres de profondeur, l'épave du bateau à vapeur "Saentis" repose depuis bientôt un siècle. Une équipe de passionnés projette de la remonter à la surface. Un financement participatif a été organisé.

Le "Saentis" a beau se trouver depuis 1933 au fond du lac de Constance, ses couleurs et ses inscriptions sont encore reconnaissables, montrent des images diffusées jeudi dans l'émission Couleurs locales de la RTS. Elles ont été tournées avec une caméra télécommandée par une association fondée pour renflouer le navire.

"Ce vapeur à 210 mètres de profondeur est inatteignable pour le public. La plupart des gens ignorent même jusqu'à son existence, ignorent qu'il y a quelque chose là en-bas. Pour présenter ce monument technique aux gens, [le renflouer est] le seul moyen d'y arriver", plaide avec enthousiasme le président de l'association Silvan Paganini.

Un robot de plongée construit exprès

Le "Saentis", qui porte le nom de la plus célèbre montagne de Suisse orientale, a navigué sur le lac de Constance à partir de 1892. Jusqu'à 400 passagers pouvaient prendre place sur ce bâtiment de 124 tonnes. Le renflouage est donc un grand défi, ne serait-ce par exemple que pour passer un cordage sous la coque.

Pour y parvenir, Silvan Paganini présente un robot de plongée construit exprès pour faire passer un câblage sous le bateau. "Nous devons placer la machine au bon endroit, avec le bon angle, pour creuser avec une lance, par pression hydraulique, un passage sous la coque", détaille-t-il.

Coulé volontairement

Que le "Saentis" ait coulé s'explique de manière très simple: après la mise hors-service du bateau, son démantèlement a été jugé trop cher. Il a donc été coulé au large de Romanshorn (TG), sans coup férir. Un triste sort, mais très bien mis en scène: une cérémonie a été organisée, avec drapeau suisse et pétarade dans la cheminée.

Une image du Saentis au moment où il a été envoyé par le fond. [CC BY-SA 4.0]
Une image du Saentis au moment où il a été envoyé par le fond. [CC BY-SA 4.0]

L'épave appartenait jusqu'ici à la Schweizerische Bodensee Schifffahrt (SBS), l'une des compagnies de navigation sur le lac de Constance. Elle vient d'être vendue à l'association pour le renflouage du "Saentis" pour 1 franc symbolique, sans émotion particulière de la part de son ancien propriétaire.

"Ça va peut-être vous surprendre si je vous dis que ce n'est pas d'une importance primordiale pour nous! Nous ne sommes pas des historiens. Ecrire l'histoire d'une entreprise, c'est quelque chose que d'autres doivent faire, parce que nous, nous n'arriverions pas à nous positionner", a témoigné le président du Conseil d'administration de SBS Hermann Hess.

Réussite incertaine

Alors que les préparatifs pour le renflouage sont en cours, on ne sait pas encore ce qu'il adviendra de l'épave une fois sortie de l'eau. On ne sait d'ailleurs même pas si un renflouage est vraiment possible: tout dépend de la stabilité de l'épave. "Nous partons du principe que la quille est encore intacte, mais nous n'arrivons pas à avoir de confirmation visuelle, car elle est enfoncée dans la vase. C'est au moment de renflouer l'épave qu'on verra s'il y a des dégâts structurels", explique Silvan Paganini.

Le financement du projet étant incertain, un crowdfounding a été mis sur pied. Son succès a ouvert la voie au sauvetage et à la conservation du bateau [lire aussi l'encadré].

>> Lire aussi : Un plongeur-photographe cartographie les épaves, dont l'Hirondelle du Léman

Sujet TV: Philipp Inauen, Jost von Reding (SRF)
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Remonter une épave, pas forcément une bonne idée pour sa conservation

Qu'une épave puisse être renflouée après tant d’années est quelque chose d'unique sur le lac de Constance. Mais comme son sabordage remonte - même si c'est de peu - à moins d’un siècle, son devenir n’est pas encore du ressort de l’archéologue cantonal thurgovien Hansjörg Brem.

S'il n’a rien contre ce renflouage-ci, il avise en revanche qu'il laisserait des bateaux plus anciens au fond "tout simplement parce que la conservation à terre est plus difficile que sous l’eau". Et de confier que ces dernières années, "on a laissé en toute connaissance de cause différentes épaves sous l’eau pour cette raison".