En Suisse romande, le soutien qu'apporte le PLR genevois à la candidate UDC Céline Amaudruz dans le cadre de l'alliance de droite est très scruté, alors que la stratégie de la droite avec le duo UDC-MCG (donc Amaudruz-Poggia) vise à faire chuter le duo sortant rose-vert Carlo Sommaruga-Lisa Mazzone. L'idée de l'alliance était de lancer au deuxième tour les deux meilleurs candidats du premier et la PLR Simone de Montmollin a ainsi cédé sa place.
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Dans les autres cantons romands qui se déplacent aux urnes ce dimanche, à savoir Vaud, Fribourg et Valais, des candidats PLR sont en lice pour obtenir un siège à la Chambre haute et ne se sont donc pas retirés au profit d'un candidat UDC.
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C'est en revanche le cas en Suisse alémanique et les alliances de droite se fracturent dans les quatre cantons où ont lieu des seconds tours le 19 novembre, à savoir Zurich, Argovie, Soleure et Schaffhouse. Dernier canton à se rendre aux urnes, le Tessin voit d'affronter des candidats PLR, UDC, Centre et Verts, ainsi qu'une dissidente du PS.
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Une "chimère", selon Kurt Fluri, sénateur PLR sortant à Soleure
Outre-Sarine, les mots de certains libéraux-radicaux sont forts pour décrier le choix de leur parti de voter pour les candidats de l'UDC: "Erreur stratégique", "soumission à la droite conservatrice", "porteur d'eau"...
Et ces déclarations n'émanent pas d'anonymes, mais de figures du parti. A Soleure, c'est le sortant Kurt Fluri qui attaque sa propre famille politique, se disant sidéré qu'elle puisse appeler à soutenir le candidat UDC Christian Imark, qui est opposé à la socialiste Franziska Roth.
Pour celui qui a siégé à Berne durant 20 ans, l'alliance entre le PLR et l'UDC est "une chimère": si les partis sont d'accord sur les question fiscales, ce n'est pas le cas sur l'Europe, la migration ou la sécurité. Selon Kurt Fluri, il s'agit d'un choix incompréhensible pour le parti dit de l'économie.
Des membres du PLR soutiennent la candidate vert'libérale à Zurich
En Argovie aussi, toute une frange du PLR refuse de faire élire l'UDC Benjamin Giezendanner malgré le mot d'ordre du parti. C'est le cas de l'ancienne conseillère aux Etats Christine Egerszegi. Dans la presse régionale, la libérale-radicale a annoncé son soutien à l'autre candidate en lice, la centriste Marianne Binder-Keller. Celle-ci a d'ailleurs bien compris qu'il y avait un coup à jouer, elle qui apparaît en bleu PLR sur toutes les affiches du canton.
A Zurich, les fronts se déchirent également à droite pour le second siège aux Etats, alors que le socialiste Daniel Jositsch a été réélu au premier tour. Le PLR a choisi de retirer sa candidate Regine Sauter, arrivée troisième du premier tour, abandonnant ainsi le siège laissé vacant par Ruedi Noser. Le parti appuie officiellement le candidat UDC Gregor Rutz, mais des voix dissonantes sont apparues.
Les femmes PLR ont ainsi donné la liberté de vote alors que, sur les réseaux sociaux, des membres du parti appellent ouvertement à faire élire la Vert'libérale Tiana Moser, estimant que celle-ci est une femme progressiste plus à-même de défendre les valeurs libérales. Certains déplorent surtout le poids du lobby de l'économie qui a poussé Regine Sauter à laisser la place à Gregor Rutz.
Un psychodrame à Schaffhouse
D'autres voix critiquent un certain manque d'ambition de la part des libéraux-radicaux. Et le psychodrame que vit le PLR à Schaffhouse est révélateur à ce sujet. Le parti a en effet retiré sa jeune candidate urbaine et libérale Nina Schärer en vue du deuxième tour, et ce contre son gré, pour appeler à voter pour l'indépendant Thomas Minder qui siège avec l'UDC au Conseil des Etats.
Cette décision suscite l'incompréhension et a provoqué une avalanche de courriers de lecteurs dans la presse locale. L'ire est telle que des figures influentes du PLR cantonal ont même rejoint le comité de soutien du... socialiste Simon Stocker, désormais en bonne position pour décrocher un siège aux côtés de l'UDC Hannes Germann, aisément réélu au premier tour.
Cette position est paradoxale, alors que le but du PLR est généralement de tout faire pour que la gauche n'obtienne pas un fauteuil. Mais pour ces voix dissidentes, cela ne doit pas conduire leur parti à brader ses propres valeurs libérales-radicales et à "s'inféoder à l'UDC".
Au final, l'alliance stratégique entre l'UDC et le PLR pourrait être vouée à l'échec dans ce canton, mais aussi en Argovie et à Zurich, où le Centre et les Vert'libéraux, soutenus aussi par la gauche, pourraient rafler des sièges au départ presque promis à la droite.
Céline Fontannaz/boi