Modifié

Davos veut éviter les "malentendus" avec sa clientèle de touristes orthodoxes juifs

Davos, dans le canton des Grisons, est la ville la plus haute d'Europe. [KEYSTONE - ARNO BALZARINI]
Davos veut éviter les "malentendus" avec sa clientèle de touristes orthodoxes juifs / La Matinale / 1 min. / aujourd'hui à 06:21
Une task force a élaboré un catalogue de mesures pour favoriser la compréhension et la cohabitation entre la population et les touristes juifs orthodoxes à Davos (GR). En février dernier, un magasin de sport refusant la location de matériel aux juifs avait choqué. 

Depuis des décennies, Davos est une destination de vacances très prisée des personnes juives orthodoxes et ultra-orthodoxes. On estime qu’en été, pendant la haute saison, entre 3000 et 4000 juifs orthodoxes passent leurs vacances à Davos - dont certains viennent de l'étranger -, une ville qui compte 11’000 habitants.

La task force, composées notamment de la commune, de l’office du tourisme et de la fédération suisse des communautés israélites, la FSCI, a élaboré dix mesures pour garantir un respect mutuel.

Dès cet été, les touristes et les résidents pourront par exemple s'adresser à un point de contact en cas de conflits. Des rabbins endosseront le rôle de conseillers et la présence de médiateurs connaissant bien le mode de vie juif orthodoxe sera renforcée. Il est également prévu de réviser les brochures d'informations sur les règles de comportement pour les habitants et les hôtes.

"Une approche globale"

"Ce qui est nouveau, c’est que l’on a vraiment ici une approche globale... Et puis, Davos va aussi prendre ses responsabilités: s’engager au niveau organisationnel et financier", explique Jonathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI.

Et de poursuivre: "Nous sommes convaincus que cela permettra d'éviter à l'avenir qu’on ait des conflits qui deviennent publics... Les conflits et les malentendus ne vont pas disparaître. Mais l'important, c'est que l'on sache comment les gérer, à qui s'adresser, et comment les résoudre."

Regain de tensions

En février, un restaurant d'altitude a refusé de louer du matériel de sport d'hiver aux touristes juifs. Divers "incidents fâcheux" ont incité le gérant à mettre un terme à la location de matériel de sport d'hiver aux touristes juifs, avait-il indiqué sur une affiche rédigée en hébreu.

Cette pancarte avait provoqué de fortes réactions et le gérant s'était excusé pour la mauvaise formulation. Il a expliqué avoir eu des problèmes "avec seulement une petite partie des clients juifs" et qu'il ne voulait "pas mettre tout le monde dans le même panier".

Une histoire qui avait choqué en Suisse et à l’international, dans un contexte de regain de tensions entre les résidents et certains hôtes depuis quelques temps dans la station grisonne.

La police cantonale des Grisons avait indiqué au moment des faits l’ouverture d’une enquête pour soupçons de discrimination et d'incitation à la haine.

Sujet radio: Camille Degott

Adaptation web: cab avec ats

Publié Modifié

Une longue tradition à Davos

Selon les historiens, les Juifs ont commencé à venir à Davos vers 1870, lorsque la station alpine s’est fait connaître comme centre de traitement pour les affections pulmonaires, précisait Swissinfo en février dernier.

Au tournant du siècle, des pensions gérées par des orthodoxes ont vu le jour et, en 1919, un sanatorium juif, l’Etania, a ouvert ses portes à Davos. Bien qu’il ait été fermé en 2000, il a récemment été transformé en auberge de jeunesse répondant spécifiquement aux besoins de la clientèle juive.

Au cours des vingt dernières années, des membres de la communauté juive de Suisse ont contribué à la construction d’infrastructures à Davos, notamment d’une synagogue dans un ancien hôpital.

Pendant les mois d’été, plusieurs hôtels sont aujourd’hui gérés par des familles juives et proposent une cuisine casher, des salles de prière et d’autres types d’hébergement. Les supermarchés du village vendent de la nourriture casher. Des rabbins renommés d’Israël, d’Anvers et de New York y font des apparitions, ce qui attire également d’autres visiteurs étrangers.

Swissinfo, Jessica Davis Plüss