Le camp militaire était protégé par trois fossés et un talus. Sa position stratégique permettait de contrôler les vallées et les cols environnants, indique jeudi l'Office cantonal grison de la culture.
Les archéologues ont déjà trouvé des armes et des éléments de l'équipement de soldats romains, dont des projectiles de fronde en plomb et des clous de chaussure. Les marques relevées sur les projectiles laissent conclure à un lien avec un champ de bataille antique déjà connu, situé 900 mètres plus bas.
Sondeur bénévole
"La découverte sensationnelle d'un camp militaire romain dans les Grisons souligne une fois de plus que la recherche archéologique de la 'Suisse romaine' continue de nous réserver des surprises grandioses", écrit l'office cantonal.
Il est désormais possible de reconstituer l'avancée des troupes romaines sur une longue distance, du Val Bregaglia (GR) jusqu'à Tiefencastel (GR) via le col de Septimer, puis en direction de Coire et de la vallée alpine du Rhin. En cela, la découverte du camp militaire est retentissante à un niveau international.
Le camp a été découvert dans le cadre de recherches sur les résistances auxquelles les troupes romaines se sont confrontées entre Savognin (GR) et Tiefencastel. Un sondeur bénévole avait constaté une structure de terrain particulière sur le haut-plateau de Colm la Runga en utilisant notamment les données numériques de Swisstopo.
Plusieurs questions à éclaircir
Invité dans Forum, Lionel Pernet, directeur du Musée cantonal d'archéologie à Lausanne, explique que cette découverte est importante, "car on a très peu de camp militaire romain sur le territoire de la Suisse actuelle. Celui-ci est un camp légionnaire, qui a accueilli des troupes qui viennent notamment d'Italie."
"La deuxième caractéristique qui le rend exceptionnel, c'est son altitude. Il est très haut, car il a été créé à un moment de l'époque romaine où on avait besoin de sécuriser le passage des vallées alpines", précise le spécialiste de l'époque romaine.
Plusieurs questions sont encore à éclaircir. "Combien de temps sont-ils restés? Est-ce que c'était saisonnier? Est-ce que c'était juste dans le cadre des campagnes pour sécuriser des passages?", liste Lionel Pernet. "C'est un camp qui peut accueillir une centaine de militaires. Ça peut paraître beaucoup, mais une légion de l'époque romaine est composée de presque 5000 hommes", rappelle le spécialiste.
"On a donc une centurie, une petite partie d'une légion, qui a dû être mise en place ici pour sécuriser des passages et qui n'est pas forcément restée extrêmement longtemps, mais tout de même assez longtemps pour laisser des traces", suppose Lionel Pernet.
ats/asch