Selon les actes d'accusation, les parents ont endormi leur fillette le 6 mai 2020 en lui administrant de l'ecstasy avant de l'asphyxier en lui bouchant les voies respiratoires. Les médecins légistes qui ont effectué l'autopsie ordonnée par le Ministère public ont constaté la présence de cette drogue dans le sang de la fillette.
Le père risque également une peine pécuniaire de 20 jours-amende avec sursis pour s'être procuré l'ecstasy qui a endormi la victime.
Un crime "pour abréger ses souffrances"
Selon la procureure, les parents étaient totalement dépassés par la situation. Ils auraient toutefois refusé catégoriquement des offres d'aide, sauf de la part de la grand-mère, âgée de 52 ans.
Les avocats de la mère, 32 ans, et du père, 34 ans, de la fillette ont rejeté les accusations d'assassinat et de tentative d'assassinat, portées par la procureure. Tous deux ont souffert d'un fardeau mental de plus en plus aigu face à la maladie cérébrale incurable de leur fille, selon la défense.
Chacun d'eux ayant plaidé avoir commis ce crime pour "aider" leur fille. "Je n'ai pas tué ma fille, je l'ai aidée", a déclaré la mère lors de l'audience lundi matin. L'après-midi, le père a affirmé qu'il ne se sent "ni sans scrupules, ni meurtrier". "Cela faisait mal de la voir souffrir", a-t-il justifié.
La mère savait que leur acte serait poursuivi pénalement. C'est "normal d'être ici aujourd'hui", a-t-elle assuré. Si c'était à refaire, "je le referais".
Heureuse avec son enfant
La mère a déclaré qu'elle était heureuse avec son enfant et qu'elle l'aimait. Les trois années passées avec la fillette ont été belles. Elle dit aussi avoir remarqué à quel point son enfant souffrait. La fillette avait de plus en plus souvent des crampes et elle avait mal constamment. Elle pouvait à peine avaler et ne pouvait pas dormir. La prévenue a affirmé qu'elle ne se sentait pas dépassée par la situation.
Les parents auraient déjà tenté de tuer leur fille avec une surdose de somnifère en octobre 2019. Selon un rapport médical, la fillette souffrait d'une grave atteinte au cerveau et avait besoin de soins 24 heures sur 24.
Rôle contesté de la grand-mère
La grand-mère, âgée de 52 ans, est également jugée pour complicité d'assassinat. Le Ministère public requiert cinq ans de prison contre elle. Il demande aussi l'expulsion pendant 15 ans des trois prévenus, de nationalité allemande.
La défense estime, au contraire, que la quinquagénaire a tenté de dissuader les parents. Elle réclame son acquittement.
Quoi qu'il en soit, ce meurtre passionnel remet la question du droit de l'euthanasie pour les mineurs sur la table. Le Code pénal ne précisant rien concernant les mineurs, il les autorise en théorie à en bénéficier. Mais Exit, la principale organisation de Suisse, précise n'offrir son assistance qu'aux personnes majeures.
juma avec ats