Les organisateurs de la "Marche pour la vie" ont appelé à un rassemblement à la gare d’Oerlikon, suivi d’un défilé à travers le quartier sous le slogan "Levez-vous pour la vie". Cette marche, qui en est à sa quatorzième édition en autant d’années, vise à sensibiliser à la protection de la vie à naître. "Le chemin vers la protection de la vie à naître est long", a déclaré Marc Jost, conseiller national du Parti évangélique suisse (PEV). "Il s’agit de vie, nous devons nous engager pour cela".
Les manifestants, majoritairement chrétiens, se considèrent comme "des ambassadeurs de la vie. Ils couvrent toutes les tranches d’âge, avec environ un tiers de jeunes ayant une moyenne d’âge de 25 ans", explique Olivier von Sury, collaborateur du comité d’organisation, samedi dans l’émission Forum de la RTS.
Les pro-vie en Suisse: qui sont-ils?
Les mouvements contre l’avortement en Suisse sont soutenus par des relais politiques et religieux. Parmi les partenaires politiques, on trouve l’UDF et le Parti évangélique. Du côté des églises, l’Alliance évangélique suisse et les églises catholiques apportent également leur soutien.
Selon Olivier von Sury, la motivation principale des mouvements présents est de protéger la vie et de donner une voix aux plus faibles, en parlant d’enfants et non de fœtus: "Chaque année en Suisse, 12’000 enfants meurent à cause de l’avortement".
Il estime que la priorité du mouvement est de sensibiliser le public plutôt que d’interdire l’accès à l’avortement. Il souligne l’importance de faire connaître la détresse associée à l’avortement. En observant les restrictions aux Etats-Unis, il se dit satisfait que le sujet soit abordé, car "on vit quand même dans une société dans laquelle il y a la culture de la mort qui prend une place très importante".
Le positionnement stratégique des anti-avortement
Selon Pauline Milani, historienne à l’Université de Fribourg, ce discours, bien rôdé depuis les années 70, met l’accent sur la détresse des femmes, les présentant uniquement comme des victimes et non comme des personnes libres de leurs choix. Le choix de se présenter comme "pro-vie" plutôt que "anti-avortement" est stratégique.
"Ces milieux ont compris que pour rassembler une base plus large, il faut parler de pro-vie et montrer les pro-avortement comme des meurtriers ou des partisans de l’euthanasie, tandis qu’eux se présentent en défenseurs de la famille", explique-t-elle.
Bien que le nombre exact de personnes opposées à l’avortement en Suisse soit inconnu, il est clair que leur discours semble perdre de son impact. "L’année dernière, deux initiatives visant à restreindre le droit à l’avortement n’ont pas réussi à obtenir le quorum nécessaire", affirme Pauline Milani.
Aider les futures mères
Dans l'appel à la manifestation, les organisateurs ont écrit qu'il fallait en Suisse de meilleures conditions pour les futures mères et des offres d'aide pour les familles en détresse, afin que chaque enfant puisse vivre. Selon eux, chaque jour en Suisse, une trentaine d'enfants sont "tués avant même d'être nés".
La Marche pour la vie s'est déroulée comme d'habitude le samedi après-midi avant le Jeûne fédéral, et elle a de nouveau été accompagnée d'un important dispositif policier, en raison de la crainte de provocations de la part de la gauche.
"Mon corps, ma décision"
Environ 200 participants à une manifestation à vélo ont traversé à plusieurs reprises l'itinéraire du cortège, scandant "Mon corps, ma décision" et retardant la marche.
La manifestation a toutefois pu se dérouler sans incident notable, a indiqué samedi soir la police municipale de Zurich. Plus de 100 personnes ont été contrôlées et expulsées dans les environs de la marche suite à des appels à des actions perturbatrices. Cinq personnes ont été emmenées provisoirement au poste pour des investigations supplémentaires.
Propos recueillis par Coralie Claude
Adaptation web: Miroslav Mares avec ats