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L'interdiction de certaines races de chiens, comme les rottweilers, fait-elle vraiment baisser le nombre d'accidents?

Interdictions des rottweilers: sont-ils vraiment la source du problème? Interview de Michèle-Ouarda Dardouri
Interdictions des rottweilers: sont-ils vraiment la source du problème? Interview de Michèle-Ouarda Dardouri / Forum / 4 min. / dimanche à 19:00
Le gouvernement zurichois va interdire l'acquisition de chiens de la race rottweiler dès le 1er janvier 2025 afin, dit-il, de protéger la population. Il suit Genève et le Valais, deux cantons dans lesquels ces chiens sont déjà interdits.

La décision zurichoise d'interdire les rottweilers intervient après deux incidents récents qui ont fait des blessés. Fin octobre à Adlikon (ZH), un rottweiler d'un an a blessé plusieurs personnes, dont deux enfants. Un garçon de cinq ans a été grièvement blessé au bras et une fillette de sept ans a été blessée à un bras et à une jambe. Un autre incident impliquant un rottweiler s'est produit au début du mois de décembre à Winterthour: un enfant de cinq ans a été grièvement blessé à la tête et a dû être hospitalisé et opéré.

Selon le gouvernement zurichois, la forte stature de ces bêtes et leurs morsures puissantes peuvent entraîner des blessures particulièrement graves. Ces animaux représentent donc "un danger potentiel accru par rapport aux autres races de chiens".

Les détenteurs actuels devront demander une autorisation

Actuellement, environ 350 rottweilers sont enregistrés dans le canton de Zurich, soit 0,5% de la population canine. Les détenteurs actuels de ces canidés ont la possibilité de demander une autorisation de détention. Une demande doit être déposée auprès de l'office vétérinaire dans les six mois suivant l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation.

Les bâtards contenant plus de 10% de sang de rottweiler sont également soumis à l'obligation de demander une autorisation. Les rottweilers sont en outre soumis à une évaluation de caractère dans le cadre de la procédure d'autorisation afin d'évaluer leur potentiel de dangerosité.

"Pas la solution"

L''interdiction de certaines races va-t-elle faire diminuer le nombre d'accidents? "Je ne pense pas que ce soit la solution. Ça a déjà été fait dans le canton de Genève il y a plusieurs années. La liste [des races interdites] ne cesse de grandir [15 actuellement, ndlr], alors qu'à ma connaissance, le nombre d'accidents n'a pas diminué pour autant", a déploré dimanche dans Forum Michèle-Ouarda Dardouri, éducatrice canine, formatrice d'adultes et fondatrice d'AOA éducation et formation à Genève.

A ses yeux, même s'il est évident qu'un grand chien est plus dangereux qu'un petit, il n'y a "pas de races plus dangereuses que d'autres". Il existe en outre d'autres grands chiens avec la même taille et la même corpulence. Combien faudra-t-il en interdire, se demande-t-elle, pointant au passage le risque de voir arriver de nouvelles races pour remplacer celles qui ont été interdites.

"Il faut qu'on agisse davantage en matière de prévention. L'idéal serait d'agir sur trois angles: sur le chien lui-même [...], sur la population et sa manière de se comporter face aux chiens, et sur les propriétaires et leur comportement, qui n'est pas toujours adéquat non plus", plaide Michèle-Ouarda Dardouri.

>> Lire à ce sujet : Alors que les morsures augmentent, les élèves apprennent à réagir face aux chiens

Propos recueillis par Thibaut Schaller

Adaptation web: Vincent Cherpillod avec ats

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Les erreurs à éviter

"Une agression, c'est une mauvaise gestion des émotions. L'agressivité se manifeste quand il y a un problème de stress, de frustration ou de protection", liste la spécialiste Michèle-Ouarda Dardouri. Elle rappelle aussi qu'un chien, avant de mordre, et même avant de grogner, émet "énormément de signaux" pour nous dire qu'il n'est pas à l'aise. "Ces signaux sont vraiment méconnus du grand public et même des propriétaires de chiens", regrette-t-elle.

Parmi les erreurs à éviter: "Aller toucher un chien attaché, par exemple un chien en laisse", met en garde Michèle-Ouarda Dardouri, qui souligne qu'il est fréquent d'oublier de demander à son détenteur si le chien est à l'aise avec ce contact. Courir devant un chien est aussi un comportement à éviter, selon elle.

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