La capsule controversée de suicide "Sarco" a été utilisée pour la première fois à Schaffhouse
Le Ministère public du canton de Schaffhouse a ouvert une procédure pénale contre ces suspects pour incitation et assistance au suicide, indique la police cantonale mardi. Il avait été informé lundi par un avocat que la capsule Sarco avait été utilisée dans une cabane forestière sur la commune de Merishausen.
Les policiers dépêchés sur place ont saisi la capsule. Le corps de la personne décédée a été transporté à l'institut médico-légal de Zurich pour y être autopsié.
Sur X, l'inventeur de la capsule, le médecin australien Philip Nietschke, a partagé un article d'un journal néerlandais qui a "accompagné", apparemment, ce cas de suicide. Le médecin y précise qu'une Américaine de 64 ans est la première personne à s'être suicidée dans la capsule.
Un bouton qui libère de l'azote
Pour utiliser la capsule Sarco, la personne souhaitant mourir appuie sur un bouton. Une importante quantité d'azote est alors libérée et supplante l'oxygène. La personne perd conscience après quelques inspirations d'azote et décède après environ 5 minutes, selon l'inventeur de la capsule.
Cet été, les ministères publics de plusieurs cantons, dont Schaffhouse, ont annoncé qu'ils ouvriraient une procédure pénale en cas d'utilisation de la capsule sur leur territoire.
Une capsule pas conforme au droit
La capsule de suicide Sarco n'est pas conforme au droit, a indiqué lundi la ministre de la santé Elisabeth Baume-Schneider lors de l'heure des questions au National. Elle a invoqué deux raisons.
D'une part, la capsule ne remplit pas les exigences de la législation sur la sécurité des produits et ne peut donc pas être mise sur le marché, a expliqué la ministre en réponse à une question de Nina Fehr Düsel (UDC/ZH). D'autre part, l'utilisation d'azote dans la capsule n'est pas compatible avec l'article sur le but de la loi sur les produits chimiques.
S'il s'agit de mesures basées sur le droit de la sécurité des produits, la compétence doit être clarifiée au cas par cas, a continué la conseillère fédérale. Et si l'azote n'est pas utilisé conformément aux prescriptions, ce sont les cantons qui sont compétents.
>> Lire aussi : Les promoteurs de "Sarco" défendent leur capsule d'aide au suicide et veulent l'utiliser d'ici fin 2024
ats/ebz
Samia Hurst: Ce cas "nous met face à nos contradictions en Suisse"
Interrogée dans l'émission Forum de la RTS, la vice-présidente de la Commission nationale d'éthique et professeure d'éthique médicale à l'Université de Genève Samia Hurst pointe la particularité du système suisse en matière d'assistance au suicide, dont le cadre légal est "beaucoup plus large" que la pratique.
"Toutes les discussions éthiques portent sur les critères pratiques et non légaux, par exemple est-ce que la personne est malade, est-ce que sa maladie est incurable, est-ce que sa souffrance peut être palliée par d'autres moyens. Tout cela délimite un champ plus restreint que celui fixé par le Code pénal, qui exige que la personne se suicide elle-même et que celle qui l'assiste soit dénuée de mobile égoïste", explique la spécialiste.
La capsule "Sarco" est promue par ses inventeurs comme un moyen permettant de "s'affranchir de la nécessité d'un médecin, et donc aussi des règles de la déontologie médicale". Or, en Suisse, "l'absence de médecin nous dérange d'une manière difficile à décrire. (...) Nous avons envie d'une mort non médicalisée, tout le modèle est basé sur cela, mais, en même temps, nous voulons les garde-fous que la médecine apporte". "Des cas comme celui-là nous mettent face à nos contradictions et face aux limites de notre système", note Samia Hurst.
Besoin d'aide pour vous-même ou vos proches? Parlez-en...
Sur internet:
Pour la promotion de la santé mentale dans les cantons latins: santépsy.ch
Pour les enfants et les personnes adolescentes: ciao.ch
Pour les 18-25 ans: ontécoute.ch
Pour la prévention du suicide des jeunes: stopsuicide.ch
Le Groupe Romand de Prévention du Suicide: preventionsuicide-romandie.ch
L'Unité Malatavie des HUG pour les adolescent·e·s en crise: malatavie.ch ou par téléphone (24h/24): 022 372 42 42
Par téléphone:
147: Pro Juventute – Ecoute et conseils pour les jeunes (147.ch)
143: La Main Tendue – Ecoute et conseils pour les adultes (143.ch)
144: Ambulances – Urgences